Mon autre fiction centrée cette fois sur le personnage de Maria Valin, inquisitrice... originale dirons nous, j'écris ce texte car je le trouve assez drôle et original. J'espère qu'il en sera de même pour vous
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Prologue
Gris.
Tel était ce monde.
Les façades des bâtiments étaient fait d'une pierre dure et frustre caractéristique de cette planète. Les hommes avaient le teint pâle et leur peau commençait à tirer sur leurs os alors que la malnutrition et le stress de la guerre commençait à prélever leurs dû. Les vêtements eux aussi étaient gris afin de s'accorder avec l'environnement alentour et de ne pas ainsi se montrer comme une cible évidente. Le ciel enfin était gris, encombré des cendres qui par milliards s'étaient élevées de la ruche à la suite de l'explosion de la centrale atomique.
Tout ici sentait le désespoir et l'abattement, les hommes tentaient de profiter du peu de repos que l'opération « appât nucléaire » leur avait donné alors que les femmes et les civils se lamentaient des milliers, peut être des millions de morts que la détonation avaient déclenché. Dans les faubourgs, des êtres rampaient dans les ruines, brûlés par le souffle dévastateur qui avait quelque jour plus tôt balayé la ruche. Partout à la surface les hommes sanglotaient alors que des abominations plus noires que la nuit tentaient de reprendre leur souffle.
Cette planète se nommait Spykélis et la guerre s'était abattue sur elle telle un prédateur en chasse. L'ennemi avait été repoussé avec la plus extrême violence, au cours de la plus désespérée des batailles mais le combat n'était pas finit. De l'espace descendaient des trainées de feu, seule touche de couleur en cette morne journée. Trois régiments de la garde Impériale issus des célèbres premiers nés de Vostroya tombaient du ciel pour enfin apporter la paix à ce monde exsangue, ou pour mourir dans ce but.
Certains voyaient en eux un nouvel espoir, d'autre la simple contre attaque d'un empire incapable de protéger ses sujets. Une seule avait l'audace de voir en eux la délivrance.
L'inquisitrice Maria Valin ne s'était retrouvé sur Spykélis que par un malheureux concours de circonstance, décidée à profiter de ses agréables prairies le temps de quelques vacances avant de repartir en chasse de sa proie. Cependant, la guerre l'avait rattrapé, la piégeant à la surface six mois durant. Elle s'était retrouvée à courir ces fameuses prairies dans une robe déchirée poursuivie par des aberrations tyranides, elle avait été contrainte d'occuper le poste de dirigeante planétaire suite à l'assassinat du gouverneur en place par quelque obscur cultiste, elle avait dû mener la défense d'un monde dont elle ne connaissait rien, se battre au nom de gens dont elle n'avait que faire, abandonner absolument toutes ses aspirations présentes pour se consacrer à la seule tâche de survivre.
Lorsque enfin elle avait trouvé le moyen de se débarrasser de milles et une horreurs qui s'acharnaient contre elle en faisant exploser la moitié de la funeste cité qui était devenu sa prison, avait il fallut que d'étranges astartes à demi fou ne tentent de la tuer pour au final disparaître ainsi que près d'un quart de la population planétaire lorsque son projet « appât nucléaire » se trouva accomplit.
Maintenant enfin elle soufflait, non pas de savoir que ce monde avait désormais un mince espoir de se trouver sauvé mais bien que la présence des vostroyens en orbite signifiait qu'elle pouvait quitter ce roc gris en toute sécurité.
Une douzaine de personnes étaient venues assister à son départ sur les ruines de l'ancien astroport du palais impérial local, les trois anciens qu'elle avait nommé à la tête du gouvernement de Spykélis afin de se débarrasser de cette charge, deux commandants des FDPs locales qui estimaient lui devoir la vie à elle et à son sens du sacrifice, quelques survivants de la noblesse locale à l'agonie et deux envoyés des vostroyens, venus assister au départ de l'héroïne planétaire. Tous s'étaient revêtu de leurs plus nobles atours mais même ainsi l'inquisitrice leur trouvait un air fade, militaire. La cendre qui tourbillonnait avait eut tôt fait de salir les chemises blanches et les vestes d'apparat rouges et les regards fatigués de ces hommes leur ôtait toute étincelle de vie.
A ses yeux seule importait la passerelle accueillante de la navette Aquila descendue des cieux pour la conduire à jamais loin de cette planète arriérée. Alors qu'elle avançait vers sa délivrance, assise sur un fauteuil roulant poussé par un membre de sa suite, elle entendit vaguement un discours dépeignant l'héroïsme de « celle qui était sortie de l'ombre et qui s'était confronté aux ténèbres ». Elle n'y prit aucune attention. Lorsqu'enfin elle se trouva à bord de la navette, elle vit l'un des anciens se diriger vers elle, un sourire fatigué égayant quelque peu ses traits.
-Y a il quoi que ce soit que Spykélis puisse faire pour vous montrer une fraction de sa gratitude?
La jeune inquisitrice resta interdite un moment, l'air grave. Puis, avec énormément de sérieux, répondit:
-Par l'Empereur, changez vos garde robes, j'ai cru mourir de passer six mois avec de tels campagnards que vous!
Et c'est sous le regard quelque peu médusé de l'ancien que sa navette prit son essor avant très vite de n'être plus qu'un petit point dans l'infinité grise du ciel.
Ce ne fut qu'une fois que la baisse de pesanteur typique de la sortie d'atmosphère se fit sentir que Maria s'autorisa enfin un soupir de soulagement. Une part d'elle même ne voulait toujours pas croire qu'enfin elle avait quitté cet affreux monde, qu'elle n'aurait plus, chaque nuit, à ne dormir que d'un œil de crainte qu'une monstruosité xénos ne la réveille, qu'elle ne se retrouverait plus engagé dans cette folie sans grâce qu'était la guerre ouverte.
Ses petites vacances lui avaient couté cher, très cher. L'inquisitrice pouvait encore sentir les côtes brisées par la poigne d'acier du Dreadnought remuer aux tressautements de la navette. Au fond de l'habitacle, une civière soutenait Attellus, un de ses hommes de main, dont la jambe avait été arrachée par une rafale d'autocanon. Assis en face d'elle, l'air sombre, le croisé Ravion ne portait qu'un pantalon de toile et une veste ample, tout son corps était couvert de bandages pour parer aux blessures du dernier affrontement. Dinor, le sniper, était pour sa part aussi sombre que sa peau noire. Il était le seul à ne pas avoir été blessé mais la vue des monstruosités tyranides l'avait marqué aussi sûrement que du fer chauffé à blanc. Zuriel enfin...
Zuriel n'était plus là.
Maria était bien incapable de dire le jour où elle s'était mise à apprécier l'assassin Moritat. De fait jusqu'à sa mort une semaine plus tôt, elle pensait le haïr du plus profond de son âme, mais pourtant sa perte lui pesait lourdement et déjà son humour plus noir que la nuit lui manquait ainsi même que les différentes allusions perverse qu'il avait toujours eut à son sujet.
Alors qu'elle laissait aller sa mélancolie sur l'état piteux de sa suite, Maria finit par apercevoir à travers les hublots de la navette les flancs gothiques du Dulce Dies, le vaisseau qui l'avait conduit en ce lieu et qui s'était engagé par contrat à l'emporter où elle le souhaitait jusqu'à ce que sa mission finisse.
Long d'un kilomètre, le Dulce Dies était un petit vaisseau cargo comme les libres marchands du secteur en employait foule. Bien que ne portant aucune arme et qu'il soit incapable de survivre à la moindre bordée d'un vaisseau de ligne, ses soutes abritaient de quoi faire des milliards de profits à chaque voyage spatial. Ses flancs étaient sculptés d'arches élaborées cachant de manière élégante les gigantesques portes coulissantes, seules preuves que ce navire était un cargo et non un simple vaisseau de plaisance comme certaines familles richissimes se plaisaient à posséder, et dissimulant ainsi la preuve de la valeur quasi inimaginable que pouvait représenter une telle prise facile. Ses moteurs puissants occupaient un bon quart de la longueur totale du vaisseau et étaient capables de petits sauts warp pouvant aller d'un sous secteur à l'autre. Sa proue fuselée étaient décorée par les ailes d'un gigantesque aigle bicéphale et elle pouvait s'ouvrir dévoilant un glorieux aquila de cinq cent mètres d'envergure et donnant le jour à ses gigantesques soutes avant.
Le pont de débarquement bâbord s'ouvrit majestueusement et laissa pénétrer la navette.
A peine sortie, Maria fut accueillit par une douzaine d'hommes d'équipage en tenue de parade encadrant le plus dignement possible leur maître: le libre marchand Vorus. La chaise roulante de l'inquisitrice avança, mue par ses petits moteurs et le marchand s'inclina. De fait il devait à Maria de disposer d'un tel vaisseau: elle s'en était rendue maîtresse quelques mois avant le début de sa quête puis était partie à la recherche de quelqu'un disposant des compétences nécessaires pour le faire traverser le vide spatial. Elle avait trouvé Vorus, un libre marchand d'une centaine d'année qui avait perdu son vaisseau suite à une attaque de pirates. Elle lui avait proposé le poste de capitaine et la possibilité de refaire sa fortune en échange de ses services en tant que navigateur aussi longtemps qu'elle en aurait besoin.
L'homme en ruine d'alors avait peu à voir avec le fringant quartier maître dont l'apparence ne laissait pas présager d'un homme de plus de cinquante ans et dont le physique svelte était mis en valeur par un uniforme noir damasquiné de fils d'argent. Il se releva en prenant la main de la blessé et lui apposa un fugace baiser:
-Madame, c'est une grande joie que de vous revoir. Nous avons attendu dans les environ de ce système presque une demi année et nous pensions à partir d'ici peu, la mort dans l'âme. Mais vous voir ainsi reparaitre est un bonheur d'une rare intensité!
Maria prit un petit sourire fatigué. Lorsqu'elle l'avait trouvé, Vorus était au trente sixième dessous, buvant pour oublier tout ce que le destin lui avait ravi en même temps que son navire. Il serait mort en quelques années sans les traitements rajuvénants qui lui permettaient malgré son siècle d'âge de se maintenir en forme. Depuis qu'il se trouvait à nouveau à bord d'un vaisseau, son état avait changé du tout au tout. La reprise de son traitement anti vieillissement avait eut tôt fait de transformer un vieillard de plus en plus décharné en un séduisant aristocrate de la cinquantaine. Un bon passage chez le barbier avait révélé un visage en lame de couteau et des yeux marron perçants. En même temps que son poste, il avait décidé de reprendre son statut de séducteur. L'inquisitrice pour sa part avait toujours regardé ses tentatives maladroites charme d'un oeil amusé mais elle n'était pas d'humeur à l'écouter débiter une heure durant ses inanités sur la parfaite harmonie entre ses yeux et ses cheveux.
-Je suis également heureuse de vous revoir maître Vorus, j'espère que vous avez prit grand soin de mon vaisseau durant mon absence?
Vorus grogna un peu au son de « mon vaisseau ». Parmi les termes du contrat qu'il avait signé avec l'inquisitrice, il était capitaine du vaisseau mais elle était la libre marchande et il était à son service. Le vaisseau lui reviendrait pleinement lorsqu'elle en aurait finit avec ses affaires courantes. L'offre était royale mais devoir en répondre à une autre concernant son vaisseau pesait au capitaine.
-Soyez assurée qu'il est au mieux de sa forme, nous avons même eut le temps de collecter du minerai sur les mondes éloignés du système au cours de notre séjour. Il y avait sur la sixième planète une très faible ethnie locale et...
-Merci capitaine, vous me raconterez tout cela quand je me porterai mieux. Pour le moment je pars pour mes quartiers, dirigez vous vers le point de saut du système.
-Bien madame, vers où nous dirigeons nous
?
-Je vous le dirai quand je le saurai!
Sans plus attendre, Maria quitta la passerelle de débarquement et se dirigea, aussi vite que son véhicule lui permettait, vers ses quartiers. Les trois survivants de sa suite descendirent alors même qu'elle partait et se dirigèrent vers leur propres cabines à l'exception d'Attellus, l'amputé, qui fut conduit à l'infirmerie du vaisseau.
Lorsque la porte de sa chambre se referma enfin et qu'elle sut que personne ne pouvait plus l'entendre, Maria s'autorisa son deuxième profond soupir de la journée. Elle jeta un regard circulaire à la pièce et fut satisfaite de voir que rien n'avait disparut. Il s'agissait d'une grande pièce de six mètres par cinq dans laquelle la lumière des étoiles se déversait par deux grand hublots. Le mobilier était abondant et de grande valeur, disposé avec goût autour d'un grand lit à baldaquins. Les murs étaient encombrés d'armoires et de miroirs alors que le sol était couvert de tapis moelleux.
Maria Valin avait toujours aimé le luxe. Née d'une famille de haute noblesse, elle avait connu une jeunesse dorée et bien que les quelques années qu'elle passât par la suite au couvent Dialogus de l'Ordre de la Lame Sacrée avait été un moment d'ascèse, elle avait retrouvé son train de vie d'enfant gâtée le jour même où elle avait rejoint l'inquisition. Ce goût manifeste pour les douceurs de la vie n'avait rendu son séjour sur Spykélis que plus douloureux, elle n'avait pas eut une minute pour elle au cours des deux mois écoulés et cela s'était ressentit sur son physique.
Péniblement l'inquisitrice se releva de son fauteuil roulant, grimaçant alors que ses côtes encore brisées se rappelaient à elle. Maria marcha droit sur un miroir et se regarda attentivement. Elle était une jeune femme de la trentaine au visage fin et au corps endurci par les derniers événements. Ses longues jambes étaient toujours harmonieusement galbées mais elle sentait que leurs muscles étaient aujourd'hui bien plus puissants qu'hier et entachaient très légèrement la perfection de leurs courbes. Sa taille fine et son ventre plat ne laissaient pas paraître une once de graisse et ses biceps étaient clairement développés. Elle savait que son maître eut été content de ce changement, il aurait affirmé qu'un inquisiteur devait toujours être capable d'en remonter à n'importe qui sur le plan physique, mais telles n'étaient pas les méthodes de la dame Valin. Elle était une inquisitrice certes, elle avait pour tâche de traquer et d'exterminer les ennemis de l'Empereur mais selon elle une approche prudente et surtout non violente sous le couvert de ses airs d'aristocrates était le meilleur moyen de récolter des informations. Elle ne rechignait pas à se battre, mais elle détestait les affrontements barbares où les combattants s'en trouvaient réduit à user de leurs pieds et de leurs mains, où la folie de la foule prenait le pas sur le génie des individus.
Elle continua un moment son observation et fut satisfaite de voir que ses yeux d'argent, sa malédiction, n'avaient rien perdu de leur éclat à la fois si mystérieux et envoutant mais aussi dérangeant. Ses cheveux dorés pour leur part avaient dû être coupés court bien que l'inquisitrice eut fait de son mieux tout au long des mois précédents pour les garder en ordre élégant et ils avaient clairement perdu de leur douceur et de leur éclat. En général Valin se trouvait fade, négligée. La fatigue creusait de lourds cernes sous ses yeux. Elle se décida donc à prendre un bain chaud dans sa baignoire enfin retrouvée afin de chasser une bonne fois pour toute la crasse de Spykélis.
Une fois plongée dans l'eau brûlante, Maria se laissa une nouvelle fois aller à ses pensées.
Ce monde lui avait prit beaucoup mais ne lui avait rien donné, elle avait été chargé quatre ans plus tôt de retrouver un hérétique de grande ampleur, un dément connu sous le nom d'Hédoniste et il lui avait fallut près d'une année entière pour réussir à retrouver sa trace après sa dernière confrontation avec lui. L'homme était un psyker d'une grande puissance qui avait la fâcheuse tendance de changer de visage aussi facilement que d'autres le faisaient de vêtements, mais plus grave encore, cet homme, si l'on pouvait l'appeler ainsi, était supposé abriter le plus terrible adversaire de son maître. Après lui avoir filé entre le doigts sur Hylena Septim il avait quitté ce secteur de la galaxie, entrainant l'inquisitrice dans un jeu de piste interminable.
Désormais la piste devait être froide son ennemi devait rire de sa victoire se croyant définitivement hors de portée. Mais il ne connaissait pas l'Inquisition Impériale si il pensait s'en défaire aussi facilement. Si sa cible se croyait en sécurité elle n'en serait que plus vulnérable à une attaque. Maria était déterminée à ce que son contre temps ne nuise pas à l'accomplissement de sa traque.
Mais avant tout il lui fallait des vacances, une bonne convalescence et une cure d'achats intensifs de nouveau matériel et, évidemment, d'une nouvelle garde robe!