Les Flammes de la Guerre
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C'est une époque sombre et sanglante, une époque de démons et de sorcellerie, une époque de batailles et de mort. C'est la Fin des Temps.
 
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 Arsuynar, un passé tragique.

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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime8/10/2008, 20:45

C'est la vérité. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 91892
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime8/10/2008, 20:50

C'est non-objectif. J'attend des preuves. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324

Boire, c'est drawl.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime8/10/2008, 20:52

"Boire, c'est drawl."
C'est stupide de dire ça.
Si c'est juste pour être bourré, boire ne sert à rien. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 91892
Quand t'as un cancer du foie à 40 ans, tu rigoles moins.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime8/10/2008, 21:07

"Quand t'as un cancer du foie à 40 ans, tu rigoles moins."
Je t'interdis d'insinuer que c'est quotidien ! Hebdomadaire, tout au plus, voir même mensuel. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime9/10/2008, 07:01

Hebdomadaire, c'est déjà beaucoup trop. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 91892
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime9/10/2008, 09:43

Je voulais bien évidemment dire "mensuel, tout au plus". Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime13/10/2008, 16:21

Même. Je comprends pas ceux qui se bourrent pour le plaisir d'être bourrés. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 91892

Franchement, tu fais une vingtaine de tours sur une chaise de bureau, et tu ressens les mêmes effets. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime13/10/2008, 17:20

C'est une expérience tout ce qu'il y a de plus transcendentale.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime13/10/2008, 17:51

Je n'y crois guère. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 91892
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime13/10/2008, 19:58

Tu ne boirerais pas à ma mort, tu veux dire ? Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 91892

Pfuit. Eh bien, ça me conforte dans mon idée. Je veux mourir !
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime13/10/2008, 20:04

Tu veux une corde ? J'ai aussi un arbre un pot ab-so-lu-ment génial. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime13/10/2008, 20:21

Il y a encore une infime chance, monstre de cruauté !

J'ai très soif, tout à coup.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 13:33

Prend du jus d'orange. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 18:21

Si tu insistes. Mais pas tout seul. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 19:32

Compterais-tu sur ma collaboration ?
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 19:35

Je suis encore en état de finir mon jus d'orange seul. Mais tant qu'à faire, pourquoi ne pas en faire quelque chose de moins fade ?
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 19:40

En rajoutant du jus de fraise et de banane ? Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 42255
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 20:01

J'imprime et j'encadre. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 20:05

Puisse cette maxime influencer le cours de ta vie de dépravé.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime14/10/2008, 20:57

On cherche toujours des choses intéressantes à beugler ou non, quand on ne rajoute pas de jus de fraise ou de banane dans son jus d'orange. Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 694324
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime15/10/2008, 08:30

Décadent.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime16/10/2008, 13:05

Promis à une éternité de tourments, livré aux pires supplices, condamné à vivre. Il avait prié les dieux de lui accorder la mort, les avait suppliés d'abréger ses souffrances, mais nulle réponse n'était venue à ses prières. Il avait hurlé sa haine, avait maudit ceux qui l'avaient abandonné à sa douleur, mais les seules réponses avaient été les cruels ricanements de ses geôliers.
Il se résigna alors à son sort, se soumit aux tortures qu'on lui infligeait, et oublia sa vie passé, sa liberté, les terres de Chrace, et jusqu'à son propre nom. Pour lui, il n'existait plus ni jour ni nuit, seulement une alternance entre les moments où on le torturait et ceux où on le laissait dans un semblant de repos. Sa vie n'était plus rythmée que par les pas des rondes des gardes Druchii, les hurlements stridents des rapaces à la recherche de proies, et les coups de lame qui entaillaient régulièrement sa chair.
La carcasse décharnée n'était agitée d'aucuns mouvements, d'aucun signe de vie. Un observateur attentif aurait pu discerner, parmi les nombreuses cicatrices qui balafraient le visage, deux paupières closes. Closes mais prêtes à s'ouvrir au moindre geste. Il s'était adapté à sa condition, avait pris l'habitude des vicissitudes de ses gardiens, et était toujours sur la défensive. Les deux yeux d'un bleu limpide, seuls vestiges du ciel sous lequel il avait autrefois vécu, s'ouvrirent subitement. Il était temps. Il savait toujours précisément quand ses tourmenteurs devaient revenir le chercher dans sa cellule pour le traîner vers les salles de torture. Il patienta quelques minutes. Etrangement, nul bruit de pas ne se faisait entendre. Peut-être avaient-ils renoncé pour ce soir, afin que la douleur de l'espérance brisée soit plus forte le lendemain. Il baissa la tête, l'infime étincelle d'espoir s'évanouissant aussi subitement qu'elle avait failli naître. Tout aurait pu s'arrêter là. Mais il n'en fut pas ainsi.
Un souffle à peine perceptible, un murmure...
"Arsuynar...."
Il ne réagit pas.
"Arsuynar.."
Il se redressa. Il se rappelait. Il avait eu un nom, autrefois. Arsuynar. Il lui semblait qu'il n'avait pas toujours vécu au fond de cette geôle. Mais il était incapable de se remémorer quoi que ce soit.
"Arsuynar."
Le murmure était devenue une voix claire, pure et cristalline. Un son comme il n'en avait pas entendu depuis des années. La musique suave de cette voix réchauffa son corps meurtri. Il n'était plus seul.


L’ombre menaçante et tourmentée de la citadelle s’étendait sur la terre désolée de Naggaroth. La lune était pleine, et baignait le paysage de son halo diffus et amer. Un grand rapace noir passa dans le ciel, et un cri strident retentit.
Son ombre se découpa un instant à ses pieds, dans la pâleur lunaire que la haute fenêtre accordait aux dalles noires. Des arches hautes et étroites s’ouvraient sur son passage. Des plaintes de désespoir, des hurlements de douleur et des rires cruels se déversaient de chacune d’elles. Son ombre se découpait à lueur des lampes magiques, évoquant quelque lame d’ébène. Le druchii faisait sa ronde, comme toutes les nuits. Ou presque...

Irnäel. C’est ainsi qu’il avait été nommé. Il reniflait, le museau souillé de sang druchii. Soudain, il leva la tête, secouant sa crinière blanche. Il l’avait trouvé. Et il était vivant.
Il bondit, courut, souple et léger comme le vent, grimpa une volée de marches luisantes et déboucha dans une vaste salle, dont la voûte se perdait dans les ténèbres.

Un lourd silence s’abattit, laissant à ses tympans un bourdonnement insoutenable. Une étoile blanche semblait briller, loin devant lui…

Trois druchiis s’étaient levés. Une lueur d’excitation dansait dans leurs yeux, et une joie mauvaise retroussait leurs lèvres fines. Engoncés dans leur armure, le draich brandi, les gardes de la citadelle approchaient lentement, avec une nonchalance cruelle. Irnäel allait mourir. Il avait été stupide de penser que ce serait si facile. L’Asur était pourtant si près…

L’étoile crut, et sa lumière s’amplifia, jusqu’à le submerger complètement. Tout devint blanc. Et de ce blanc le plus pur naquirent des formes, des couleurs, qui se mélangèrent jusqu’à devenir distinctes.
Il avait eu un nom autrefois. Arsuynar. Et Chrace était sa terre.
La douce caresse des herbes sur ses genoux. Le grondement de l’océan, et l’air intense du large.
Les vagues scintillaient sous les derniers rayons du soleil. Le soleil. Il avait oublié jusqu'á la signification de ce mot. Et ce soleil était rouge.
Rouge comme le sang. Le sang qui perlait au bout d'un draich, luisant dans la pâleur du clair de lune. Le sang de ses frères qui maculait ses fourrures.
Et le fracas de l'acier. Ses chaînes tombèrent, arrachées de leurs anneaux.
Des cris de guerre furieux. Il s’élança en hurlant.
Et le sang de ses ennemis. Le gout du sang druchii dans sa bouche.


Le premier garde s’effondrait, le visage réduit en bouillie sanguinolente, d’où s’écoulait la cervelle. Une seconde après, le dernier druchii réagissait enfin, en voyant le deuxième garde s’écrouler à son tour, la nuque brisée. Il bondit sur l’assassin de ses frères, mais trébucha, déséquilibré par un poids nouveau. Les puissantes pattes d’Irnäel étaient ancrées sur ses épaules, et ils roulèrent ensemble, jusqu’à ce que le lion trouve finalement la gorge de son adversaire. Le druchii fut pris de convulsions tandis que le lion assurait plus fermement sa prise. Il avait réussi.

Arsuynar était libre. Le sang du premier garde dégoulinait de sa bouche entrouverte, où il se mêlait à l’écume. Son regard était fou, et tout son corps tremblait violemment. Il hurla sa liberté, et son cri roula comme le tonnerre.

Le vent glacial mordait sa peau torturée, et les pierres tranchantes meurtrissaient ses pieds. Mais il avait enduré les pires tourments qui soient pendant une éternité, et il était libre.


J'ai compilé le tout.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime16/10/2008, 13:43

Owi !

Il y a une répétition de "druchii", là :

"Le druchii faisait sa ronde, comme toutes les nuits. Ou presque...

Irnäel. C’est ainsi qu’il avait été nommé. Il reniflait, le museau souillé de sang druchii. "

C'est pas forcément très clair, il faudrait caler quelque chose comme ça :
"Son coeur pétri d'arrogance ne pouvait seulement le concevoir. Il n'avait rien entendu, il n'avait rien vu venir. Il ne pouvait pas y croire... C'était tout simplement impossible. Et il mourut avec cette conviction, l'incompréhension sur les traits, les lèvres abreuvées de son propre sang."


Et aussi une incohérence :
"Il avait eu un nom autrefois. Arsuynar. Et Chrace était sa terre."

Le plus simple serait de modifier, ou de retirer ça :
"Il se rappelait. Il avait eu un nom, autrefois. Arsuynar. Il lui semblait qu'il n'avait pas toujours vécu au fond de cette geôle. Mais il était incapable de se remémorer quoi que ce soit."

Pour encore plus de pathétique, même cette voix ne lui permet pas de se rappeler de son nom. Et ça rajoute au trip résigné et abandonné.
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime16/10/2008, 14:05

Je n'ai rien adapté, juste mis bout à bout les morceuax dans l'ordre qui convenait.

"Il se rappelait. Il avait eu un nom, autrefois. Arsuynar. Il lui semblait qu'il n'avait pas toujours vécu au fond de cette geôle. Mais il était incapable de se remémorer quoi que ce soit."
On pourrait mettre :
"Il se redressa. Il croyait se rappeler. Des images fugaces. Des paysages baignés de lumière, aveuglants pour ses yeux restés trop longtemps à l'obscurité. Mais très vite, le noir absolu, d'autant plus sombre que la lumière l'avait effleuré."
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MessageSujet: Re: Arsuynar, un passé tragique.   Arsuynar, un passé tragique. - Page 4 Icon_minitime16/10/2008, 18:55

Owi ! Donc, on enlève ça aussi ?

"Arsuynar."
Le murmure était devenue une voix claire, pure et cristalline. Un son comme il n'en avait pas entendu depuis des années. La musique suave de cette voix réchauffa son corps meurtri. Il n'était plus seul.

Manque un titre. Pour l'en-tête, "Je me vengerai..." ?

Promis à une éternité de tourments, livré aux pires supplices, condamné à vivre. Il avait prié les dieux de lui accorder la mort, les avait suppliés d'abréger ses souffrances, mais nulle réponse n'était venue à ses prières. Il avait hurlé sa haine, avait maudit ceux qui l'avaient abandonné à sa douleur, mais les seules réponses avaient été les cruels ricanements de ses geôliers.
Il se résigna alors à son sort, se soumit aux tortures qu'on lui infligeait, et oublia sa vie passé, sa liberté, les terres de Chrace, et jusqu'à son propre nom. Pour lui, il n'existait plus ni jour ni nuit, seulement une alternance entre les moments où on le torturait et ceux où on le laissait dans un semblant de repos. Sa vie n'était plus rythmée que par les pas des rondes des gardes Druchii, les hurlements stridents des rapaces à la recherche de proies, et les coups de lame qui entaillaient régulièrement sa chair.
La carcasse décharnée n'était agitée d'aucuns mouvements, d'aucun signe de vie. Un observateur attentif aurait pu discerner, parmi les nombreuses cicatrices qui balafraient le visage, deux paupières closes. Closes mais prêtes à s'ouvrir au moindre geste. Il s'était adapté à sa condition, avait pris l'habitude des vicissitudes de ses gardiens, et était toujours sur la défensive. Les deux yeux d'un bleu limpide, seuls vestiges du ciel sous lequel il avait autrefois vécu, s'ouvrirent subitement. Il était temps. Il savait toujours précisément quand ses tourmenteurs devaient revenir le chercher dans sa cellule pour le traîner vers les salles de torture. Il patienta quelques minutes. Etrangement, nul bruit de pas ne se faisait entendre. Peut-être avaient-ils renoncé pour ce soir, afin que la douleur de l'espérance brisée soit plus forte le lendemain. Il baissa la tête, l'infime étincelle d'espoir s'évanouissant aussi subitement qu'elle avait failli naître. Tout aurait pu s'arrêter là. Mais il n'en fut pas ainsi.
Un souffle à peine perceptible, un murmure...
"Arsuynar...."
Il ne réagit pas.
"Arsuynar...»
Il se redressa. Il croyait se rappeler. Des images fugaces. Des paysages baignés de lumière, aveuglants pour ses yeux restés trop longtemps à l'obscurité. Mais très vite, le noir absolu, d'autant plus sombre que la lumière l'avait effleuré.
"Arsuynar."
Le nom se faisait insistant. Le murmure était devenu une une voix claire, pure et cristalline. Un son comme il n'en avait pas entendu depuis des années. De nouveaux, les silhouettes lumineuses se dessinèrent, gagnant en précision, manquant même de se révéler, avant de disparaître à leur tour. Mais cette fois, leur image avait été imprimée sur sa rétine. Il y était presque arrivé, et la prochaine fois serait la bonne. Le souvenir de la musique suave de la voix réchauffa son corps meurtri. Il n'était plus seul.

L’ombre menaçante et tourmentée de la citadelle s’étendait sur la terre de Naggaroth. La lune était pleine, et baignait le paysage de son halo diffus et amer. Un grand rapace noir passa dans le ciel et son cri strident retentit.
Son ombre se découpa un instant à ses pieds, dans la pâleur lunaire que la haute fenêtre accordait aux dalles noires. Des arches hautes et étroites s’ouvraient sur son passage. Des plaintes de désespoir, des hurlements de douleur et des rires cruels se déversaient de chacune d’elles. Son ombre se découpait à lueur des lampes magiques, évoquant quelque lame d’ébène. Le druchii faisait sa ronde, comme toutes les nuits. Ou presque...
Son cœur pétri d'arrogance ne pouvait seulement le concevoir. Il n'avait rien entendu, il n'avait rien vu venir. Il ne pouvait pas y croire... C'était tout simplement impossible. Et il mourut avec cette conviction, l'incompréhension sur les traits, les lèvres abreuvées de son propre sang.

Irnäel. C’est ainsi qu’il avait été nommé. Il reniflait, le museau souillé de sang druchii. Soudain, il leva la tête, secouant sa crinière blanche. Il l’avait trouvé. Et il était vivant.
Il bondit, courut, souple et léger comme le vent, grimpa une volée de marches luisantes et déboucha dans une vaste salle, dont la voûte se perdait dans les ténèbres.

Un lourd silence s’abattit, laissant à ses tympans un bourdonnement insoutenable. Une étoile blanche semblait briller, loin devant lui…

Trois druchiis s’étaient levés. Une lueur d’excitation dansait dans leurs yeux, et une joie mauvaise retroussait leurs lèvres fines. Engoncés dans leur armure, le draich brandi, les gardes de la citadelle approchaient lentement, avec une nonchalance cruelle. Irnäel allait mourir. Il avait été stupide de penser que ce serait si facile. L’Asur était pourtant si près…

L’étoile crut, et sa lumière s’amplifia, jusqu’à le submerger complètement. Tout devint blanc. Et de ce blanc le plus pur naquirent des formes, des couleurs, qui se mélangèrent jusqu’à devenir distinctes.
Il avait eu un nom autrefois. Arsuynar. Et Chrace était sa terre.
La douce caresse des herbes sur ses genoux. Le grondement de l’océan, et l’air intense du large.
Les vagues scintillaient sous les derniers rayons du soleil. Le soleil. Il avait oublié jusqu'á la signification de ce mot. Et ce soleil était rouge.
Rouge comme le sang. Le sang qui perlait au bout d'un draich, luisant dans la pâleur du clair de lune. Le sang de ses frères qui maculait ses fourrures.
Et le fracas de l'acier. Ses chaînes tombèrent, arrachées de leurs anneaux.
Des cris de guerre furieux. Il s’élança en hurlant.
Et le sang de ses ennemis. Le gout du sang druchii dans sa bouche.

Le premier garde s’effondrait, le visage réduit en bouillie sanguinolente, d’où s’écoulait la cervelle. Une seconde après, le dernier druchii réagissait enfin, en voyant le deuxième garde s’écrouler à son tour, la nuque brisée. Il bondit sur l’assassin de ses frères, mais trébucha, déséquilibré par un poids nouveau. Les puissantes pattes d’Irnäel étaient ancrées sur ses épaules, et ils roulèrent ensemble, jusqu’à ce que le lion trouve finalement la gorge de son adversaire. Le druchii fut pris de convulsions tandis que le lion assurait plus fermement sa prise. Il avait réussi.

Arsuynar était libre. Le sang du premier garde dégoulinait de sa bouche entrouverte, où il se mêlait à l’écume. Son regard était fou, et tout son corps tremblait violemment. Il hurla sa liberté, et son cri roula comme le tonnerre.

Le vent glacial mordait sa peau torturée, et les pierres tranchantes meurtrissaient ses pieds. Mais il avait enduré les pires tourments qui soient pendant une éternité, et il était libre.


Dernière édition par Backe le 16/10/2008, 20:40, édité 2 fois
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