L'elfe, dont les attributs le désignait comme un noble de Caledor aux yeux avertis et qui s'en prenait au gobelin, semblait légèrement éméché. Voilà qui était surprenant pour un noble Asur. Albericus l'ignora lorsqu'il lui adressa la parole, le son de sa voix le trahirait et il n'avait aucune envie de tuer tout les clients pour couvrir ses traces. L'elfe semblait vraiment vouloir déclencher un pugilat, et Albericus ne souhaitait en aucun cas se retrouver au coeur de l'attention. Au cou de l'Asur, une veine palpitait avec langueur.
Maudit soit cet elfe, ne comprend-il pas que la présence de ce gobelin m'était agréable ? Prenant sa voix la plus grave possible, il tenta d'éloigner l'importun :
"Et bien l'ami, les nobles Asurs ne sont ils plus célèbres pour leur calme et leur tolérance ? Ne déshonneur donc pas ta race en t'offrant en spectacle devant ces Mong-keigh pour une créature si insignifiante. Laisse donc notre compagnon en paix et garde ta lame pour des ennemis moins... redoutables. J'offre une tournée générales mes amis !"
Sur ce il jeta une bourse pleine d'or au tavernier qui le remercia d'un hochement de tête. Souriant dérrière son capuchon, il croisa ses jambes sur la table alors qu'une clameur joyeuse répondait à ses paroles.
***************
Il faisait nuit et il glissait sur les pavés rendus glissant par la pluie. Par il ne savait quel miracle, Aleieus était entré dans la ville sans que les gardes ne viennent lui chercher des crosses. Peu être que sa puissante stature en avait dissuadée plus d'un. Mais pour le moment Aleieus avait d'autres problèmes, il était tenaillé par une sensation qui le faisait souffrir. Il ignorait ce qui lui arrivait, avait-il faim ? Il lui était impossible de savoir depuis combien de temps il n'avait pas mangé. Mais il était un peu près sur que ce n'était pas la faim, car elle ne vous vrille pas l'esprit. Aleieus titubait comme un homme ivre, se soutenant aux murs, bousculant les gens qui laissaient échapper des jurons, n'osant pas défier un homme de cette taille, et surtout vêtu de cette façon.
Il finit par arriver devant une taverne, il chercha des yeux l'enseigne mais il n'arrivait pas à lire l'inscription et au fond cela lui importait peu. Il ce décida à entré, à l'intérieur tout était silencieux et visiblement des clients étaient partis avec précipitation. Au fond de la salle ce qui ressemblait à un petit homme vert tenait tête à au moins un elfe.
- Oh ouah putain ! Par Sigmar ! hurla un homme.
Aleieus se rendit soudainement compte qu'il avait retiré son capuchon sans s'en apercevoir, il le rabattit prestement sur son visage tatoué, d'autres clients se tournèrent vers lui mais un seul avait vu ce qu'il n'aurait jamais du voir. Avant même que ce dernier n'ouvre la bouche une seconde foie, Aleieus lui avait attrapé la tête et la fracassa contre le mur, sans trahir la moindre émotion. L'homme glissa au sol en laissant échapper un gargouillis. Tout le monde regardaient Aleieus et il sut que dire quelque pourrait l'aider.
- C'était ma table, tenta Aleieus
En disant cela il désigna la table où était assis l'homme qui l'avait vu. Avec un soupçon de panique les autres se levèrent brusquement pour lui laisser la place. Aleieus s'assit, ne sachant pas ce qu'il devait faire ensuite, pour le moment il se contenta de dévisager les autres client qui reprenaient peu à peu leurs occupations.
Il était courant que les Mong-keigh se battent. Néanmoins, Albericus n'était pas préparé à cela. Lorsque la brute fracassa la tête de l'homme contre le mur, une odeur de sang que seul un vampire pouvait déceler emplit toute la pièce. Les yeux fièvreux d'Albéricus se posèrent sur la forme inconsciente de l'homme dont le crâne était méchamment entaillé. Sans s'en rendre compte, il s'était penché vers la source de la délicieuse odeur, les lèvres entrouvertes...
S'astreignant au calme, il se rassit sans réussir toutefois à détacher son regard du liquide vermeil.
La brute qui était rentrée dans la taverne avait, sans le savoir, sauvé une grande majorité des clients. La mèche de la bombe que tenait le gobelin entre ses mains s'était en effet éteinte lorsque le vent avait soufflé dans toute la salle, passant par la porte ouverte. Grisstouf ne savait à quel sentiment se fixer : il était soulagé que cet inconnu lui ait sauvé la vie, mais une partie ancrée au fond de lui-même était déçue. L'elfe avait depuis bien longtemps cessé de menacer le gobelin, et l'individu mystérieux s'était levé et accourut vers le cadavre de cet humain presque aussitôt que le sang avait coulé...
Un teint maladif, des dents pointues, une attirance pour le sang... Grisstouf se remémorait ces êtres dont parlait le chaman de son ancienne tribut. Il les appelait Vampires. Et mieux valait de ne pas les contrarier, ils avaient en quelques sorte mangé trop de bonnets de fou. L'ingénieur gobelin avait de nombreuses idée en tête, notamment pour son squig qui attendait toujours dehors, à l'abri d'un arbre, derrière la taverne. Mais il se résolut finalement à finir sa cervoise, qui refroidissait...
Aleieus était aux aguets, il ne put que remarquer le soudain intérêt de l'homme, à tenter que cela en soit un, que l'homme avait manifesté quand Aleieus avais assommer le client. Pendant un instant il se demanda si l'inconnu ressentait la même soif que lui, cette sensation qui l'empêchait de penser de façon cohérente.
- Eh ! Tu veux quoi ? lui demanda un homme gras et puant la sueur, tu démolis mes clients et tu commendes pas, soit tu consommes, soit tu te casses.
Sale petite merde qui ne sait pas à qui il parle ainsi. Des seigneurs de guerres sont morts pour moins que ça...Non, ce n'était pas lui qui avait pensé ça, il ne pouvait pas avoir pensé ça. Aleieus chercha d'autre adversaire, le tavernier ne le menacerait pas s'il était seul. Il les repéra assez vite, de vulgaire gros bras. Massifs mais tous des gringalets comparés à lui. Aleieus se leva et toisa le tavernier des profondeurs de son capuchon dans la fourrure empestait le sang et la mort.
- De la viande l'ami, donne moi de la viande, sa voix, chargée de menaces résonna dans la taverne et le propriétaire changea de couleur en même temps qu'un liquide chaud inondait son entrejambe.
- Je... oui, tout de suite monsieur.
Aleieus se rassit, conscient des regards. Il secoua la tête il n'arrivait plus à agir discrètement. En premier lieu cette voix devait ce taire, elle ne cessait de lui hurler de tuer, de massacrer autant de gens que possible, cette ville devait brûler dans le charnier de ses habitants. Aleieus n'était pas certain de tenir cette voix à distance encore très longtemps, déjà ses mains se serraient convulsivement et sa mâchoire se crispa. Il peinait à retenir le rugissement de haine qui couvait dans sa gorge. Sans compter de l'homme encapuchonné qui le fixait comme un statue.
Fermant les yeux, Albericus arreta de respirer. Voilà qui serait ennuyeux, tout au plus. Quant il les rouvrit, le souvenir de l'odeur enivrante s'éloignait déjà.Balayant la salle du regard, il remarqua pour la première foi le barbare. Il venait du nord à n'en pas douter. Le regard accéré du vampire perçait sans problème les tènébres de la capuche du Nordique, et il put distinguer son visage déchiré par la folie. Sur son visage une rune hideuse pulsait, le désignant comme un serviteur de Khorne le dieu du Sang. Pourtant il n'avait encore massacré personne. Voilà qui était étrange. Les champions du chaos étant redoutés pour leur force, et l'inconnu l'intriguant, Albericus se leva, laissant l'elfe et le gobelin à leur dispute pour se diriger vers le barbare, un sourire d'anticipation se dessinant sur son visage de marbre.
Voyons comment nous allons pouvoir améliorer cette soirée...S'asseyant avec décontraction en face du barbare, Albericus croisa une foi de plus ses jambes sur la table, la faisant trembler sous le poids de son armure.
"Et bien étranger ! Tu semble venir de loin, quel bon vent t'amène à Marienburg ?"
Aleieus regarda l'homme s'approcher à pas tranquilles et détendus. Il n'aimait pas cette attitude. Il s'assit sans même demander la permission. Mais Aleieus ne dit rien, depuis que l'homme était là, la voix avait disparut pour ne devenir qu'un gémissement lointain.
- Eh bien étranger ! Tu sembles venir de loin, quel bon vent t'amène à Marienburg ?
- Je ne sais pas, grogna Aleieus qui soupira en sentant son self-control revenir.
- Oui... susurra l'homme, moi non plus je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris de venir m'enterrer ici.
- Qui êtes-vous ?
- Je pourrais te dire que la réponse de glacera d'effrois mais j'en doute sérieusement. Car je sais qui tu es.
Aleieus se crispa et sa main chercha une arme, mais l'inconnu sembla deviner ses intentions.
- Je ne dirais rien, voir les gens te massacrer se révélerait décevant. Tu m'intrigues, peu de gens y arrivent encore, et si en plus ils y survivent c'est qu'ils ne sont pas ordinaires.
- Tu veux quoi, charognard ?
L'inconnu sursauta presque, pendant une seconde celui qui avait parlé n'était plus cette brute mais "autre chose" et il n'était pas sûr d'aimer ça.