Les Flammes de la Guerre
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Les Flammes de la Guerre

C'est une époque sombre et sanglante, une époque de démons et de sorcellerie, une époque de batailles et de mort. C'est la Fin des Temps.
 
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 Tous des parias !

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Arduilanar
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MessageSujet: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime21/1/2011, 12:13

II

Un voile immense couvrait le ciel, froide étoffe piquetée de grains d'argent. Derrière les cimes occidentales subsistaient encore les ultimes lueurs du soir, découpant les ombres des monts acérés sur leur pourpre timide. Puis vint la nuit, froide, cruelle et implacable, comme si elle tâchait d’étouffer toute lumière et toute vie sous une chape de plomb.
Dans l’obscurité cheminait vers les sommets une jeune fille, exprimant sa peine en une lente et douloureuse mélopée. Son fardeau était lourd et le sentier inégal ; elle trébucha sur une pierre et chut dans les ténèbres.
« Oh, fait chier. »


Elle se releva avec peine et épousseta sa robe, tâchant de retrouver sa dignité de jeune fille gracieuse et éplorée. Le bébé s’était évidemment réveillé en sursaut et pleurait avec conviction. Les dieux soient loués, elle approchait enfin de son but.
Elle reconnut les lieux dès qu’elle y arriva – c'est-à-dire qu’elle était arrivée au sommet d’un pic et supposait que c’était bien là. Et puis, elle n’allait quand même pas rebrousser chemin dans le noir, tout ça pour escalader un autre pic. Celui-ci allait convenir, qu’il le veuille ou non. L’air glacé des montagnes la frappa de plein fouet ; elle serra son enfant contre elle et se dépêcha de réciter les formules d’incantation.


Dans l’humidité de son antre reposait un corps de pierre, forme titanesque étendue sur le sol. L’âge et l’inactivité avaient engourdi le grand reptile, rigidifiant ses membres, rendant son sang épais et liquoreux, atténuant son feu intérieur jusqu’à presque l’éteindre. Ses écailles, jadis d’un bleu profond, avaient terni jusqu’à adopter la teinte grisâtre de la roche environnante. Quelques pensées paresseuses traversaient encore le cerveau ankylosé, notamment : Le temps n’est-il qu’une illusion transcendantale ? Quel est le sens caché de la vie ? Tiens, je n’arrive plus à remuer mes doigts de pied.
Et, des abîmes de sa réflexion philosophique, le dragon sentit l’inéluctable force d’un appel. Un impératif plus fort encore que son assoupissement et ses considérations sur les orteils. La dernière fois qu’il avait connu une telle sensation remontait à une éternité, lui semblait-il ; il était question, croyait-il se rappeler, d’un dragon femelle et d’une vallée fleurie. Ce souvenir vagabonda un instant à travers des synapses peu réactives, puis le choc se produisit enfin. En une explosion lui revinrent le capiteux parfum phéromonal de la femelle, ses yeux langoureux et ses griffes délicates . Deux colonnes de fumée jaillirent de ses naseaux ; son sang se réchauffa, retrouvant sa fluidité pour battre avec fureur dans ses tempes. Sa flamme intérieure qui ronflait tranquillement jaillit soudain avec fougue, le dévorant de l’intérieur et lui rendant toute l’ardeur de ses mille ans. Ses paupières s’ouvrirent, révélant deux yeux jaunes qui luisaient avec un éclat malicieux.
Allons, hum. Un peu de tenue, quoi. Ce n’est pas non plus comme si une dragonne t’attendait pour de bon. De la magie, plus certainement ; encore le devoir qui m’appelle. Pourquoi faut-il toujours que ce soit au milieu de ma sieste ?
L'éclat des yeux se tut. Le dragon maugréa et déploya son long corps sinueux. Il agita un moment ses ailes diaphanes, histoire de rétablir la circulation correctement, se redressa et prit son envol dans la nuit.

Seule au sommet du Pic des Dragons, la jeune elfe attendait. Elle songeait avec amertume qu’elle aurait dû prévoir une petite laine – c’est que le fond de l’air était frais en altitude. Le monstre ailé finit pourtant par faire son apparition, et se posa avec grâce sur un affleurement rocheux.
M’as-tu mandé, ô impitoyable maîtresse qui trouble le sommeil de son humble serviteur ?
La voix du dragon résonnait dans sa tête, et la jeune fille contempla non sans appréhension les vingt mètres de longueur de son serviteur à écailles. Il avait beau sembler dévoué, elle jugea plus avisé de mesurer ses paroles – autant éviter de finir broyée entre deux rangées de crocs acérés après avoir passé sa nuit à escalader une montagne. Elle s’abstint donc de tout commentaire désobligeant sur le temps qu’il avait mis à répondre et sur la lenteur du service public.
« Euh… merci d’être venu. »
C’est un plaisir de vous servir, ô cruelle beauté. Est-ce donc pour me dire cela que vous avez interrompu mon repos millénaire ?
« Je te confie mon fils, Amarthan. Prend soin de lui, je t’en prie. » L’elfe tendit le nourrisson emmailloté dans ses langes au grand lézard. Celui-ci s’en saisit avec délicatesse de ses dents.
« Je… euh… Tu es sûr que tu ne vas pas l’avaler ? » demanda-t’elle avec inquiétude. Le dragon lui répondit d’un regard noir.
« Oh. Pardon. »
Un long silence suivit. Le reptile finit par prendre la parole – si parole est le terme qui convient quand on s’exprime par télépathie.
Puis-je retourner à ma sieste, ô divine maîtresse ?
« Oh, euh… Attend. »
La jeune fille se souvint de l’épée qui pendait à son côté.
« Prend cette épée aussi, et veille à la lui remettre quand il sera en âge de comprendre. J’ai pensé qu’il aimerait avoir un souvenir de son père. Et puis elle m’encombrait. »
C’est très compréhensible, ô parangon de prévoyance. Mais n’est-ce pas maintenant que vous devez sauter de la falaise ou quelque chose d’approchant ?
L’elfe s’empourpra, ce qui passa inaperçu dans l’obscurité.
« Et puis quoi encore ? On peut survivre à un chagrin d’amour. »
Le dragon la fixa en silence.
« Et pas la peine de me regarder comme ça. Je comprends très bien ton regard – mère indigne, me dit-il. Je fais ce que je veux de mon corps et j’éduque mon fils comme bon me semble ! Personne n’a le droit de me juger. Et puis si c’est comme ça, je m’en vais. »
Furieuse, elle vit volte face et marcha d’un pas décidé dans l’obscurité.
Attendez, ô …
« Je ne veux plus t’entendre. »
Dommage.
Le reptile attendit donc qu’elle se rende compte par elle-même qu’elle avait pris la mauvaise direction. Ce qui se traduisit par un long hurlement lorsqu’elle tomba de la falaise. Elle aurait mieux fait de l’écouter, lui qui voyait dans le noir. Un craquement sonore lui indiqua qu’elle avait finalement réussi à toucher le sol quelques centaines de mètres en contrebas. Il soupira.
Le destin, sans doute.
Puis il pensa à l’enfant qu’il tenait toujours dans sa gueule.
Mieux vaut qu’il ne connaisse pas tous les détails.


Dernière édition par Arduilanar le 27/1/2011, 10:52, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime21/1/2011, 13:00

C'est bizarre, mais ça fait plus authentique Tous des parias ! 694324

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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime21/1/2011, 13:17

Il convient de distinguer l'hagiographie des faits réels. Tous des parias ! 694324
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime21/1/2011, 18:57

Et quel texte serait hagiographique dans ce cas Tous des parias ! 694324 ?

En passant, lorsque le dragounnet parle servilement, j'ai toujours cette image mentale de Lurk et de Thanquol entrain d'élaborer moult machinations, je ne saurais dire pourquoi...
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime21/1/2011, 23:35

Le petit Amarthan s'annonce gratiné. Tous des parias ! 694324
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime22/1/2011, 11:33

III

« Arduilanar ! »
Dame Theril frappa avec insistance la porte de frêne, jadis d’un blanc immaculée mais qui avait été repeinte en noir et ornée de runes en Drukh-Eltharin.
« Arduilanar, vas-tu baisser cette musique de sauvage ! »
Le bruit des tambours et des cors elfiques résonnait avec fracas, faisant vibrer les antiques murs du manoir.
« ARDUILANAR ! »
La porte s’entrebâilla pour laisser sortir une tête blonde.
« Faut parler plus fort, j’entends rien avec la musique. »
La porte allait se refermer mais dame Theril interposa son pied, avec une vivacité révélatrice d’une certaine habitude.
« - Tu sais très bien ce que ton père pense de cette musique, fit-elle exaspérée. Il n’arrête pas de me répéter que sa dernière erreur aura été de t’autoriser à avoir tes propres musiciens dans ta chambre.
- Ouais, je sais, répondit l’adolescent avec humeur. Il croyait quoi, que j’allais écouter de la flûte et de la harpe comme à son époque ?
- Arduilanar, nous avons tous les deux à te parler. »
Arduilanar grommela. Il fit signe à ses musiciens de s’arrêter et sortit de sa chambre.
« - Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ?
- Cela concerne ton frère.
- Si c’est les herbes exotiques dans sa chambre, j’te jure que… »
Sa mère le regarda, visiblement surprise.
« Ahem. Non, rien. »


Ils retrouvèrent le seigneur Theril dans la salle de réception, sis majestueusement dans un fauteuil face à la cheminée. Il se tourna vers sa femme et son fils.
« - Arduilanar, mon fils, nous avons à te parler.
- Par pitié, ne me dites pas que je suis venu à un âge où je dois connaître certaines choses. Ne vous donnez pas ce mal, les parents de Filithion lui ont déjà fait le coup la semaine dernière et il m’a tout raconté. En détail. »
Arduilanar insista sur ce mot en souriant. Le seigneur Theril rosit légèrement, mais il tâcha de conserver sa prestance. Il se demandait souvent quel genre d’offense il avait pu commettre envers les dieux pour que ceux-ci lui donnent deux fils.
« - Il ne s’agit pas de ça. Ta mère et moi nous inquiétons au sujet de ton frère Raithael.
- Comme tu le sais, poursuivit dame Theril, nous sommes sans nouvelles de l’expédition à laquelle participe ton frère.
- M’étonne pas qu’il ait pas envie de vous écrire. S’il s’est engagé, c’est pour avoir une occasion de fuir la maison. »
Le seigneur Theril s’efforça de garder son calme. Sans doute un crime particulièrement atroce, songeait-il.
« - Nous voulons dire que personne ne sait ce qu’il est advenu du navire-faucon ni de son équipage. Les messages adressés au navire sont tous restés sans réponse, du moins jusqu’à aujourd’hui. »
Arduilanar vit alors que son père tenait un petit rouleau de cuir.
« - Ta mère et moi préférons que tu le saches », dit son père en le lui tendant.
Arduilanar l’ouvrit sans un mot. Il contenait un morceau de parchemin, griffonné à la hâte et tâché par l’eau et le sel. L’adolescent le déchiffra.
… été pris dans une tempête au nord de l’Île Blafarde … navire malmené pendant plus de deux semaines. Nous n’avons plus ni rames ni voiles … avons à déplorer de nombreuses pertes … nous porte vers le nord ouest. Qu’Asuryan ait pitié de nos âmes.


Il blêmit au fur et à mesure qu'il avançait dans sa lecture. Parvenu au bout, il courut s’enfermer dans sa chambre en hurlant :
« Je vous déteste ! »


Dernière édition par Arduilanar le 27/1/2011, 10:53, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime22/1/2011, 15:17

Dieu que c'est beau Tous des parias ! 694324

Je me l'imaginais exactement comme ça.

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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime22/1/2011, 16:38

C'est à croire qu'au fond de moi j'ai toujours été un ado rebelle. Tous des parias ! 694324
(Le Fantasque pourra témoigner que je n'en ai pourtant pas l'air.)

Le plus dur, maintenant, c'est de reprendre la version officielle. Tous des parias ! 91892
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime22/1/2011, 17:08

Surtout qu'après deux jours sur ce projet, tu en es déjà rendu au même point que pour l'autre après deux semaines Tous des parias ! 694324
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime22/1/2011, 17:46

Deux semaines...ou deux mois. Tous des parias ! 694324

Il est plus facile de faire rire que de faire pleurer.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime24/1/2011, 17:36

Ah oui, en effet, c'est totalement hors de propos. Tous des parias ! 694324
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 10:56

I

La citadelle se dressait sur la terre de Naggaroth, altière et menaçante, découpant son ombre cruelle sur la lande gelée. Seule la lune éclairait ce paysage inquiétant, baignant les lieux de son halo diffus et amer. Entre les arches hautes et étroites, les murs se perçaient de fenêtres, et de chacune s’écoulaient les cris de douleur des suppliciés et les rires sardoniques des tortionnaires.
De chacune sauf de la sienne. Il était l’oublié. Il avait bien eu droit au traitement habituel, lui aussi – les lames effilées, pieux, aiguilles, tenailles, pincettes… Un arsenal exotique voué à l’art sophistiqué et délicat d’infliger le maximum de souffrance à quelques kilogrammes de chair vivante. Il lui arrivait de s’en souvenir, la larme à l’œil… La morsure des instruments de torture, les ricanements cruels de ses geôliers, tout cela lui manquait, à vrai dire. Arsuynar poussa un soupir de nostalgie. C’est qu’il se sentait vivre, à l’époque. Il était au centre de l’attention. Tous ces soins raffinés étaient pour lui…
Mais voilà, un jour la porte ne s’était plus ouverte. Il avait d’abord pensé que c’était une bonne chose – histoire de laisser ses blessures cicatriser et de prendre un peu de repos avant d’avoir à affronter de nouvelles séances. Après quelques jours, il commença cependant à s’inquiéter ; après deux semaines, il douta franchement de la professionnalité de ses tortionnaires. Il avait bien tenté de pousser quelques cris, histoire de leur rappeler qu’il était là, mais après quinze jours sans manger, son timbre de voix était assez faible, et passait tout à fait inaperçu au milieu des habituels hurlements de souffrance qui hantaient le lieu jour et nuit.
Devant ses insuccès, il avait prié les dieux – de le libérer, de faire revenir ses geôliers, de faire pleuvoir du pain à travers les barreaux de sa fenêtre, de le tuer, n’importe quoi, mais tout sauf le laisser comme ça. Ses prières étaient restées sans réponse, et même la mort n’avait pas voulu de lui. Ou avait oublié de passer le chercher, plus vraisemblablement. Et les années s’étaient ainsi écoulées, dans la solitude et dans l’oubli…

Irnaël renifla. Une telle odeur ne pouvait provenir que de quelqu’un qui n’avait pas vu de savon depuis des années. Quelqu’un qui aurait été oublié dans sa cellule, par exemple. Fier de sa piste, il trottina allègrement en direction de la source nauséabonde.

Arsuynar…
Allons bon. Voilà donc qu’il entendait des voix. Il avait donc fini par véritablement toucher le fond de la folie. Il regrettait seulement que cela arrive si tard – quand on entend des voix, on peut aussi leur parler.
Arsuynar…
« Bah oui, c’est moi. Si vous saviez ce que ça fait d’avoir de la compagnie… »
Arsuynar, domicilié au 147, Citadelle des Tourments, suite à l’étude de votre dossier et au vote de l’Assemblée divine du 12 janvier 56341 selon le calendrier des Anciens, il a été décidé, à une majorité de 13 voix contre 2, de donner suite à votre requête. Un messager divin devrait rapidement arriver sur les lieux afin de a) vous libérer ; b) faire revenir vos geôliers ; c) déclencher une averse de boulettes de mie de pain à travers la fenêtre de votre geôle et d) vous exécuter sur le champ. L’administration du panthéon elfique vous souhaite une agréable soirée.
Ça alors. Il n’en croyait pas ses oreilles. Après onze ans d’attente dans les geôles druchii, les dieux avaient répondu à ses prières. A toutes ses prières, d’ailleurs. Il allait devoir leur expliquer qu’il était devenu inutile de le tuer s’il était libre. D’un autre côté, il ne pouvait qu’être flatté de cet excès d’attention. C’est bien ce qu’il méritait, après tout.


Le lion releva la tête. Il était arrivé. D’un coup de patte nonchalant, il fit voler en éclats la porte et s’avança dans les ténèbres. Pas de doute possible, c’était bien de là que provenait l’odeur. Une sorte de squelette à peine recouvert de peau était pendu au mur, accroché par deux chaînes rouillées.

Un lion. Tout ce que les dieux avaient cru juger bon de lui envoyer, c’était un foutu lion. Et pas du genre petit et mignon. Trois cents kilos de muscles et de fourrure blanche. Arsuynar trembla. Il avait peut-être encore un espoir de s’en sortir, après tout, il ne devait pas avoir l’air appétissant après onze ans de diète. Il fit le mort, s’efforçant de rester inerte, et dans un souci de réalisme laissa pendre sa langue.

Irnaël s’approcha. Il avait vu le squelette remuer un peu puis faire semblant d’être mort, mais il était trahi par les coups d’œil inquiets qu’il ne pouvait s’empêcher de lancer au lion blanc. Etre messager des dieux n’était pas évident tous les jours. D’un coup de griffe, il rompit les chaînes. Le prisonnier chut lamentablement au sol, en poussant un petit cri plaintif.
Arsuynar se releva tant bien que mal, ses genoux calleux agités de spasmes violents.
« Par pitié, ne me mangez pas… », fit-il d’une voix chevrotante.
Le lion rugit – du rugissement qui voulait dire : merci, mais je ne mange pas de ça.


Le garde druchii faisait sa ronde sur les remparts de la citadelle, comme tous les soirs, ou presque… Le vent de la lande apportait à ses narines délicates une insupportable fragrance de chair en décomposition et de vieillard mal lavé. Il fronça le nez et s’avança vers une porte béante d’où semblait s’échapper l’odeur.

Arsuynar grelottait dans sa cellule. Le lion était parti, histoire de vérifier si la voie était libre, avait-il cru comprendre. Mais dans l’encadrure de la porte fraîchement arrachée se tenait la silhouette menaçante d’un garde druchii. Avec une hallebarde, et pas l’air des plus ravis.

C’était donc ce cadavre ambulant qui empuantissait de la sorte ? L’elfe noir ricana cruellement. Cela ne lui prendrait pas longtemps de lui faire regretter de ne pas s’être lavé. Il fit deux pas vers le misérable squelette recroquevillé en gémissant dans un coin de la cellule, quand il sentit deux poids sur ses épaules. Deux poids avec des griffes.

Irnaël reniflait, le museau souillé de sang druchii. Celui-là avait eu son compte. Il poussa un feulement autoritaire – en selle, comprit Arsuynar. Encore tremblant, celui-ci grimpa sur le dos du lion qui s’élança dans la nuit.
Curieux attelage que ces trente kilos de vieillard osseux cramponnés tant bien que mal à trois cents kilos de lion blanc lancé à toute vitesse. Vers la liberté, et l’Océan.


« Hors de question de traverser ça à la nage. »
Irnaël poussa un grondement menaçant, mais Arsuynar ne ploya pas.
« Si tu veux me faire passer l’Océan, trouve d’abord un bateau. »
C’est ainsi que quelques rares oiseaux de mer eurent la surprise de voir un navire fendant les vagues, affrontant les tempêtes et les foudres de Mathlann, faisant voile vers Ulthuan avec un lion blanc à la barre.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 14:58

C'est d'un goût. Tous des parias ! 694324

Exquis.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 16:19

Je ne sais pas comment prendre cette remarque. A vrai dire, ça ne me satisfait pas moi-même. Ou pas tout à fait. Tous des parias ! 91892
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 20:00

La qualité est là, mais cela me retourne le coeur. Ah ! Je blêmis face à tant d'incongruité.

C'était tragique !
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 20:29

Et pourtant je croyais que tu aimais ça, l'incongru.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 20:31

On peut aimer blêmir. On ne peut pas aimer tousser, en revanche. Ce que tu dis n'a aucun sens.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 20:41

C'est le but recherché. Ou pas, en fait

Et l'idée du lion à la barre était de toi, d'ailleurs.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime27/1/2011, 20:46

C'est pour ça que je l'ai tant aimée, bien sûr ! Tout est limpide à présent.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime22/2/2011, 21:09

Alors, ça avance, ho ?
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime22/2/2011, 21:18

Pas le moins du monde.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime23/2/2011, 07:10

Ca progresse. Mais je ne posterai qu'une fois terminé.
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime23/2/2011, 13:10

Je veux la suite Tous des parias ! 91892
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime23/2/2011, 18:07

La voilà, mon chou.



Et quelques



Arduilanar s’épongea le front. C’avait été plus facile, cette fois-ci. La masse hurlante et gigotante des hommes-bêtes avait tout simplement disparu sous terre, comme avalés par la forêt. Le sol avait repris son apparence normale, comme s’il ne s’était rien passé. C’était presque inquiétant, d’ailleurs. Il faudrait qu’il prenne soin de contourner la zone à son retour. Retour. Son retour. Pourquoi était-il venu, au fait ?
Le cri, évidemment. Il avait déjà oublié. Il se pencha prudemment au dessus du fossé, vérifiant que la jeune fille était toujours au fond. Elle y était, et à quatre pattes dans la gadoue.
« Tout va bien ? », s’enquit-il galamment. « Je vais vous chercher une corde ! »
Une corde. C’était malin d’avoir dit ça. Il n’en avait pas, de corde. Une liane, à défaut ? Un petit moulinet d’épée, et…
Pour en avoir le cœur net, il fendit l’air de son épée en marmonnant d’un air menaçant. Rien ne se produisit. Pas le plus léger frémissement. Pas la plus petite flammèche bleue. Il maugréa. Ca ne marchait jamais quand il en avait besoin, la magie. Il attrapa une branche sur le sol et retourna près du bord.
« Vous êtes toujours là ? »
Un sifflement furieux lui répondit.
« Ne bougez pas, je vous tends un bâton ! »
Il se pencha et tendit la perche. Trop court. Il se pencha d’avantage… et dévala la pente pour finir dans la boue fétide, à côté de la rescapée. Il se redressa en pataugeant et en jurant d’une façon tout à fait indigne d’un prince de Caledor. Puis il tendit la main vers la jeune fille en se forçant à sourire. Autant faire bonne figure malgré la situation.

La villageoise leva le regard vers son sauveur, crotté des pieds à la tête, souriant d’un air benêt. Et dire qu’il était son seul espoir de se sortir de là… Hors de question de le laisser filer. Pas en la laissant toute seule au fond d’un ravin boueux, dans une forêt sinistre. Il était temps d’user de ses charmes.

La fille se saisit de sa main et se releva en battant désespérément des cils, comme une biche effarouchée.
« - Vous, euh… vous avez de la boue dans l’œil ? Je peux la frotter avec ma manche, vous savez. »
Elle gémit de douleur et se tortilla.
« - Aïe ! Je crois que j’ai dû me fouler la cheville… »
Elle perdit l’équilibre et se cramponna au jeune elfe.
« - Oh, vous ne pourriez pas me porter, s’il vous plaît ? Je ne réussirai jamais à remonter cette pente dans mon état…
- Je, euh… Si ça vous fait plaisir. »
Elle le gratifia d’un large sourire et de nouveaux battements de cils. Il rangea l’épée à son côté, et la souleva dans ses bras, avant de la charger sur son épaule. Il escalada la pente couverte de fougères tant bien que mal, puis déposa sa charge avec autant de délicatesse que possible. Dieux, que les dames étaient exigeantes, et que la galanterie n’imposait-elle pas !

Non, elle ne rêvait pas. Il l’avait bel et bien portée sur son épaule, comme un vulgaire sac de pommes de terre. Un effort, sourire. Surtout ne pas oublier le plus important, sourire pour se sortir de ce trou lugubre.

Elle lui sourit à nouveau, bien que l’air un peu contrit pour une mystérieuse raison, et s’agrippa à son bras.
« - Quel homme fort vous êtes ! Vous au moins vous savez contenter les dames ! »
Elle cligna de l’œil avec insistance, à tel point qu’il se demanda si elle n’avait pas effectivement quelque chose dans l’œil ; mais il n’osa pas répéter sa question.
« Et puis vous avez une si longue épée… Vous ne voudriez pas me la montrer, pour que je puisse mieux la voir ? »
Nouveaux battements de cils, nouveaux yeux de biche tout en se mordillant la lèvre. Arduilanar avait quelque mal à interpréter le comportement étrange de la jeune fille. Il était clair qu’elle tentait de lui dire quelque chose, mais quoi ? Le genre féminin était donc bien obscur… Pour ne pas la froisser, il sortit sa lame alors qu’il venait juste de la ranger.
Elle caressa le métal en frémissant.
« - Oh, elle doit être si pénétrante… Mais elle n’a pas de fourreau ? Je pourrais y remédier, vous savez. », chuchota-t’elle langoureusement.
Arduilanar lui sourit poliment, faisant semblant de comprendre.
« - Oh oui, c’est une arme fiable.
- Si vous aviez un fourreau où la mettre bien au chaud, vous n’auriez plus besoin de l’astiquer pour la garder propre, de la frotter tout seul le soir… », murmura-t’elle en se penchant vers lui.
Toujours souriant, l’elfe recula de trois pas. Par les dieux, qu’essayait-elle de dire ? Le sens caché de ses paroles lui restait mystérieusement opaque.

C’était bien ce qu’elle craignait. Elle était tombée sur un abruti de la pire espèce – pas un seul garçon de son village n’aurait hésité longtemps devant la marche à suivre. Mais l’autre, là, se contentait de lui sourire benoîtement et ne comprenait rien aux allusions, même les moins subtiles. Il fallait changer de méthode.

Alors qu’elle se tenait encore parfaitement debout l’instant passé, elle s’effondra sur le sol en criant de douleur.
« - Oh, c’est ma cheville ! J’ai si mal… Vous ne voudriez pas regarder ce que j’ai ? »
De là où il se tenait, Arduilanar ne voyait qu’un pied tâché de boue.
« - Et bien… il y a comme de la boue, à ce qu’il me semble.
- Mais non, approchez donc plus près ! »
Soumis, l’elfe s’agenouilla, mais il ne voyait toujours rien d’autre.
« - Vous devez me prendre le pouls, d’abord… Oui, palpez-moi…
- Je, euh… je veux bien, mais je ne suis pas médecin. Vous ne voudriez pas plutôt attendre qu’un docteur s’en charge ? »
La fille se saisit de sa main et la pressa contre sa poitrine.
« - Vous sentez mon cœur… Mon cœur qui bat ?... », sussura-t’elle.
Affolé, Arduilanar ne savait où regarder.
« - Euh… Oui, oui, tout à fait, il bat », bafouilla-t’il.
Il retira sa main en rougissant.
« - Vous voulez bien tâter ma cheville, maintenant ? Je ne voudrais pas qu’elle soit cassée. »
De plus en plus angoissé, il s’exécuta et tapota la cheville incriminée du doigt.
« - Comme ça ? », demanda-t’il avec inquiétude.
« - Non, plus haut… Oui, plus haut, comme ça, continuez… »
Le teint de l’elfe vira carrément au cramoisi tendant que la fille remontait le bas de sa robe. Quand elle atteignit le genou, il se releva en balbutiant :
« - Je… euh… je… je vais vous chercher mon cheval…
- Qu’est-ce qu’il y a ? Je ne vous plais pas, c’est ça ?
- Comment ça ? Mais pas… pas du tout, je, euh… je ne comprends pas de quoi vous parlez…. »
Elle se mit à pleurer.
« - Alors c’est comme ça, j’essaye d’être gentille, de faire plaisir – reniflements – et tout ce à quoi, j’ai droit, c’est à votre mépris, oui, votre mépris ! Vous me le crachez à la figure, vous me faites bien comprendre que je ne suis pas assez bien pour vous… Allez-vous-en ! », vociféra-t’elle. « Partez, partez, je ne veux plus vous voir.
- Dites, je ne sais pas ce qui vous prend, mais je vous trouve assez peu reconnaissante de me crier dessus de la sorte. Allez, montez sur le cheval et ne faites donc pas tant d’histoires. »
Ni une, ni deux, il la souleva et la posa sur la selle. C’est que cela commençait à bien faire, tout de même.

Le voyage fut assez morose. La fille bouda tout le long du trajet et ne dit pas un mot. Arduilanar, lui, s’interrogeait sur les secrets du langage féminin, persuadé d’avoir raté un signal essentiel mais incapable de déceler son erreur.
Dès qu’il croisa la première bourgade, il la fit descendre de selle.
« - Vous… vous m’abandonnez comme ça, après tout ce que vous m’avez fait ?
- Bah… vous êtes saine et sauve, non ? Et rendue à la civilisation. Je ne peux rien faire de plus. Vous voulez que je vous aide à chercher un médecin, pour votre cheville ?
- Mais je vais mourir de faim et de froid ! », pleurnicha-t’elle. « Je n’ai rien pour vivre !
- Ah, oui, exact. Je n’ai que ce cheval. Je vous l’offre. »
Elle le regarda descendre de cheval, les yeux écarquillés.
« - Mais qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ?
- Et bien, je ne sais pas, moi, vendez-le. Ca vous fera toujours ça. Et puis trouvez un gentil docteur qui vous palpera et vous gardera au chaud dans un lit. Pour le reste, débrouillez-vous, ce sont vos affaires. »
Et, avec le sentiment du devoir accompli, Arduilanar reprit sa marche sur les routes de l’Empire.


Dernière édition par Arduilanar le 6/4/2011, 08:58, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Tous des parias !   Tous des parias ! Icon_minitime23/2/2011, 18:10

Et oui, j'ai sauté des chapitres. Mais j'étais inspiré pour celui-là, alors...
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