Backe, héros tragique

Tout est apaisé.

Je ne me tiens plus de joie. Backe reprend le flambeau !
Que sonnent les trompes, que vibrent les Fallope... tocsins ! Hissez l'oriflamme, battez les tambours !

Et puis, tout est toujours question de prétextes. Regarde Arduilanar. Si sa mère meurt, c'était pour le dragon et pour que je puisse m'imaginer descendant de Caledor. Le grosbillisme incarné, en somme. Sans parler de l'épée, héritage paternel, mais en fait façon de pratiquer la magie et donc d'être plus encore grosbill. Mais ça n'enlève rien au récit, au final.

Oui, mais s'il y a des incohérences, ça ne va plus. Comme l'autre paysan qui cherche des noises à Backe, ça n'a strictement aucun sens en soi, sinon me donner une raison de me faire remarquer. D'autant qu'on ne cherche pas des noises à quelqu'un qui a ce chapeau sur la tête.

Finalement, mon idée pourrait bien me valoir deux chapitres. Ou alors un long, et assez condensé. Et puis ça fera vraiment Jack, pour le coup. Je vais essayer de ne pas en faire trop.

Je n'ai pas dit que j'écrivais, j'ai dit que j'avais des idées. Si l'inspiration vient, je peux commencer mon brouillon, mais ne t'attends non plus pas à un miracle.

"mais ne t'attends non plus pas à un miracle"
Et c'est à moi que tu dis ça ?

Déjà rentré ? C'est du propre.

Bien sûr, tu avais l'air tout ardent.

Je suis ardent. Ça ne se voit pas, comme ça. Mais une flamme brûle dans mon cœur.

Non, ce n'est pas le poème lauréat du concours de Métro.
C'est que je ne suis pas un tiède, moi.

Ô toi dont la prose illumine de sa passion les moindres recoins de ma pensée
Telle une flamme ardente, ta pureté est de celles des forges, blanche et à jamais figée !

J'aurais du faire des études littéraires. C'est trop tard maintenant, il n'y a plus d'espoir.

Moi j'suis tiédasse, moi.

Plains toi !

Je suis glacé comme la mort, moi

Oui, et moi je rayonne. Intérieurement, s'entend. Je sens que ça ne va pas tarder à tourner au débat religieux passionné, comme en amphi.

Te voilà exaucé.

Josef connait toute les réponses ! Gloire à Josef ! Il nous parle par ses prophètes, posez leur vos questions !


Cela étant statué, il me faut conclure, et comme le dirait un génie que j'idolâtre :

"The flames of my evil burn bright !"

MWAHAHAHA !

Redresse moi, oh comme redresse moi !

Mais t'es dégueulasse !
Ignoble, même.

Ça y est, j'en ai fini avec la bête. Une page de pesantes descriptions.
C'est trop long, j'efface tout et je recommence.

Dis, tu dessines les Choses qui errent dans les bois ?

Tu veux dire les hommes-bêtes qui poursuivent la pucelle ? Y en a plein de photos sur le site GW.

Ma Chose à moi, je veux dire. Ça fera une jolie illustration.

C'est que je ne sais pas à quoi elle ressemble, ta chose. Et ne me réponds pas "grosse et poilue", je ne saurais comment l'interpréter.

Grosse et imberbe, plutôt.

Merci d'apporter un tel soin au détail.

Bon, quelques lourdeurs encore, mais pas l'inspiration pour les corriger convenablement. Je poste ?

Ah oui, tiens, voilà les inspirations.

Poste donc, ou alors par MP.

Bon, ça me fera deux avis.

Son souffle rauque et lourd, fatigué par les années d'errance dans l'intolérable prison de ce corps faisait courir son bruit sinistre sur la petite clairière. La chose s'était arrêté là, soudain prostrée après une longue course à travers la forêt. La lune jeta un instant sa pâle lueur sur le monde, avant que les lourds nuages ne rétablissent l'obscurité. Son éclat livide passa sur l'être qui se tenait là.
Cela avait été un homme, il y a bien longtemps. Un homme infiniment mauvais. Il avait offert son âme, et elle avait été acceptée. Ainsi avait-il succombé aux énergies noires et payé tout le prix de ses égarements, et peut-être même d'avantage. Si la raison avait pu l'habiter encore, les folles promesses des Dieux Sombres lui auraient alors paru bien lointaines...

Son corps était un cauchemar vivant, toute l'horreur incarnée de ce qui réside au delà des barrières entre ce monde et l'autre. C'était un amas de chairs boursouflées, deux fois haut comme un homme, divisé en deux segments articulés l'un avec à l'autre. Sa silhouette massive évoquait vaguement celle d'un centaure.
Une peau rose et flasque l'enveloppait, trop fine pour soustraire à la vue les nerfs et les vaisseaux palpitants. Des myriades de petits yeux blancs et aveugles parsemaient sa chair tendre au gré de ses plis profonds. Les nombreuses escarres, la plupart encore fraîches, laissaient apparentes des vertèbres massives, et d'autres os qu'il n'était plus possible de nommer.

Cela se tenait sur cinq membres vifs et musculeux, aux articulations trop nombreuses, plantés sur le segment inférieur. Leur moignons frappaient le sol fébrilement, menant un rythme paniqué.
Une ouverture béante, longue comme le bras, bordée de lèvres roses et tapissée de muqueuses grasses et rouges courait en travers de son ventre gonflé. Une vulve, gigantesque et frémissante. Elle se fermait quelques fois, puis s'ouvrait à nouveau pour exhaler ses vapeurs puantes. Un long appendice épais de deux pouces, d'un rouge vif insupportable pendait à la partie basse de l'organe, où il frétillait avec violence, comme un poisson sorti de l'eau. À son extrémité, né d'un bourgeon spongieux, un long dard glissait dans sa gaine tendre, trempé d'un venin épais.

Les muscles qui mouvaient ses épaules étaient terrifiants. Son membre gauche s'était allongé à n'en plus finir et s'achevait par corne longue comme un sabre, fichée dans la viande à vif. Un troisième avait poussé en dessous. À son extrémité les os s'étaient unis, soudés, et avait grandi jusqu'à former une masse osseuse sphérique lourde comme un boulet de canon. Le dernier était peut-être son plus précieux vestige d'humanité. La main qui s'agitait à son extrémité était restée identifiable comme telle, malgré sa taille, ses muscles monstrueux et ses trois longs doigts aux ongles grotesques.

Son crâne, enfin, était descendu sur l'axe des vertèbres et s'était allongé vers l'avant. La peau était tendue à se rompre par la croissance des os et tous les reliefs avaient été effacés. Deux gueules s'y ouvraient. L'une à l'arrière, aux babines retroussées sur des gencives roses et nues, mouillées de salive, remuait vers le ciel une large langue serpentine. L'absorption de la mandibule inférieure dans les boursouflures qui germaient sur son dos avait été amorcée, et déjà elle ne pouvait plus se clore.
L'autre bouche lui servait à se nourrir. Deux immenses mâchoires, certainement capables de gober un enfant avaient poussé vers l'avant. La mandibule inférieure, légèrement prognathe, déployait deux longues défenses de chitine noire à la courbure cruelle. Dépourvues de lèvres, elles étaient garnies de trois rangées compactes de dents blanches, comme autant d'aiguilles plantées dans les gencives enflées, contre lesquelles ses deux langues se blessaient sans cesse.

Aaaaaaaaah. Je comprends mieux certaines choses. N'empêche que je me dois de désapprouver certaines obscénités anatomiques.

Albé' les a approuvées, expressément. Et c'est aussi là pour des nécessités scénaristiques de tout premier ordre.

Une-illustration ! Une-illustration ! De trois quarts, je t'en prie.