Eldars

A l'occasion de la réunion des chefs tribaux exodites, l'intérieur de la grande tour de Kael Nara avait été orné de grandes tentures et de tapisseries anciennes, qui réussisaient à dissimuler en partie l'état avancé de délabrement du bâtiment. La cité de Kael Nara avait été aandonnée plus de mille ans auparavant, mais elle était restée le lieu de réunion traditionnel des personnages importants de He Ny'Ara.
De façon exceptionnelle étaient réunis non seulement tous les chefs, sous l'égide du seigneur de la planète, mais aussi plusieurs capitaines pirates dont les flottes avaient l'habitude de commercer avec la planète.
Cufhë Ny'Ara était celui qui avait convoqué, sans doute pour une des premières fois depuis l'Exode, des étrangers au grand conseil des exodites. Vêtu d'une armure richement décorée, d'une grande cape bleu roi, portant des pendentifs d'or, il siégeait sur un imposant trône de moelle spectrale éprouvé par les siècles, mais encore intact.
Les conversations allaient bon train autour de la grande table gravée de runes, mais quand Cufhë Ny'Ara se leva, le silence se fit aussitôt.
"Mes frères, nous sommes réunis en ce jour par ma volonté, et nous plaçons sous la coupe des dieux tout-puissants. Un péril menace notre existence, bien plus dangereux encore que l'attaque des créatures à la peau verte qui nous a laissés considérablement affaiblis. Aujourd'hui, l'intégrité même de notre territoire est atteinte. Des Mon'Keighs se sont installés il y a maintenant plusieurs lunes sur notre monde natal, comme les chefs de tribu qui habitent en bordure des zones conernées ont pu s'en rendre compte." Plusieurs d'entre eux acquiescèrent d'un signe de tête.
"Nous avons attendu d'observer leurs gestes et leurs activtés, afin d'être prêts à fondre sur eux le moment venu comme le serpent-dague sur sa proie. Déjà, ces Mon'Keighs ont osé souiller la pureté de notre planète en balafrant sa surface de larges exploitations minières. Nous devons mettre fin immédiatement à cette insulte directe qui nous est faite. Malheureusement, nos forces seules ne suffiront pas à chasser tous ces usurpateurs avant qu'ils n'aient le temps de demander de l'aide à ceux de leur espèce ; peut-être même ne sommes nous pas capables de les exterminer. Aussi en appelé-je à votre aide, frères qui errez dans les ténèbres que nul soleil ne perce. Lesquels d'entre vous sont prêts à secourir leurs frères ? Lesquels d'entre vous se montreront dignes d'être les divins fils d'Isha quand le danger pèse sur notre race ?"
Pendant de longues minutes, pas un mot ne fut prononcé. Les capitaines pirates s'échangeaient des regards lourds de gêne. Ils savaient tous ce qui leur avait valu d'être conviés à participer à cette réunion, mais le moment de faire le choix était douloureux. Ils avaient été heureux de pouvoir commercer avec les exodites, et d'utiliser leur monde comme base arrière lors de leurs expéditions. Mais de là à les aider à se défendre face à une menace sérieuse, le pas était grand, et peu y voyaient un quelconque intérêt, qu'il fut financier ou matériel. Sans oser l'avouer, beaucoup pensaient déjà à rechercher une nouvelle planète pour les accueillir.
"Nos frères exodites peuvent compter sur le soutien des Chasseurs Gris."
Tous les regards se tournèrent vers celui qui avait prononcé ces paroles. Un visage dur, des traits sévères, une bouche qui s'ouvrait rarement : Alaya Hel'Manë était connu parmi les pirates de l'Est galactique non pas pour sa flotte - avec à peine une dizaine de petits vaisseaux, il se plaçait loin derrière les corsaires les plus puissants - mais pour son autorité et son inflexibilité.
Timidement, d'autres voix s'élevèrent.
"Les Phénix rouges se joignent à la bataille."
"Les vaisseaux du Duc d'Aelis également."
"Les Dragons célestes ne seront pas en reste."
Cette fois-ci, ce fut vers un imposant personnage vêtu de blanc que les têtes se tournèrent. Koarin Malastë dirigeait une flotte extrêmement importante, et commandait une véritable armée de corsaires. Sa participation était déterminante et pesait lourd dans la balance.
Les uns après les autres, tous les capitaines promirent leur aide au seigneur de la planète et aux chefs de tribu. L'offensive eldar se concrétisait enfin.




"Capitaine, le réacteur gauche a été sévèrement touché. Nous sommes dans l'incapacité de retourner au vaisseau-amiral, nous allons devoir tenter d'atterir en catastrophe à la surface de la planète."
La silhouette rouge du Chasseur du Chaos tranchait sur le noir infini de la Galaxie, paraissant se moquer ouvertement de l'avarie subie par le léger Vampire Hunter.
A leur retour de la surface de la planète, les vaisseaux des différents capitaines avaient été attaqués par une petite flotte de chasseurs chaotiques - des pirates, très vraisemblablement. Plusieurs des vaisseaux du Chaos s'étaient repliés, malgré la faible menace représentée par les quelques vaisseaux Eldars, et ce repli ne semblait rien présager de bon.
Sans même prendre la peine de regagner son navire amiral, Ayala Hel'Manë avait donné la chasse à un chasseur au moins cinquante fois plus gros que son propre vaisseau. Il avait réussi à l'endommager sérieusement, mais un tir ennemi avait malencontreusement touché la fragile coque du vaisseau.

"Capitaine, nous perdons de l'altitude très rapidement. Capitaine ?... "
Hel'Manë fixait avec intensité la carcasse rouge sur son écran de contrôle. Si Ifraelle avait pu voir l'expression qui se lisait sur le visage de son capitaine, elle en aurait frémi.





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Avec un fracas qui fit fuir les oiseaux des kilomètres à la ronde, ce qui restait du Vampire Hunter s'effondra au sommet de la canopée. Deux minuscules points noirs s'éjectèrent, échappant de peu à la formidable explosion qui suivit immédiatement le crash.



Sortant de ce qui lui avait semblé un long sommeil, Alaya Hel'Manë se releva avec difficulté sur le sol calciné, engourdi et gêné par sa cape. Il ferma les yeux pour se concentrer le temps de retrouver son équilibre.
Le tumulte du crash et la détonation qui avait suivi avait fait disparaître tout animal, à part peut-être quelques malheureux pris sous la carlingue. Ils avaient surement été pulvérisés au moment de l'explosion, sans même avoir le temps de comprendre ce qui se passant ou de souffrir. Ils ne représentaient pas un souci.
Peu à peu, Ayala retrouva le plein contrôle de ses sens et rouvrit les yeux à la recherche de sa partenaire. Il aperçut une forme blanche quelques mètres plus haut, apparemment coincée entre les troncs de deux arbres déracinés et en partie brûlés.
En quelques sauts, il se retrouva à sa hauteur. Il s'agissait bien d'Ifraelle. Son visage était marqué de quelques contusions, fouetté par les branchages, mais elle ne semblait pas en état de danger mortel - tout juste avait-elle l'air de dormir paisiblement, si ce n'est qu'elle avait les jambes prises sous une masse de plusieurs centaines de kilos. S'arquant, Alaya saisit l'imposant tronc, et tenta de le soulever de quelques centimètres. Il suait abaondamment sous l'effort,mais parvint petit à petit à le repousser vers l'extérieur, sans toutefois dégager entièrement le corps de sa co-pilote.
Il s'arrêté, haletant, et s'agenouilla auprès du visage serein.
"Ifraelle. Ifraelle, réveillez-vous."
Sa voix ne traduisait rien de sa fatigue, et ne montrait en rien qu'il venait de fournir un important effort. Il avait aussitôt retrouvé son ton habituel, bien que peut-être légèrement moins froid.
Il posa sa main gantée sur l'épaule de la jeune Eldar, et la secoua légèrement.
"Ifraelle."
Les longs cils battirent, les paupières s'ouvrant après plusieurs essais.
"- Capitaine ?.. Je.. aoh..., dit-elle enfin en grimaçant de douleur.
- A mon signal, retirez vos jambes."
Concis, sec. Pas de perte de temps en paroles superflues, comme une inutile répétition du prénom, ou une question concernant l'état de santé. Ce n'était pas cela qui allait les avancer tous les deux.
Tandis qu'Ifraelle reprenait tant bien que mal ses esprits, encore sous le choc, Alaya s'était remis à la tâche.
"Maintenant."
S'aidant de ses bras, la pirate fit pivoter son corps de telle sorte que ses jambes inertes se libèrent de la menace du bois qui risquait de retomber à un instant ou à un autre. Lui tendant la main, le capitaine tenta de l'aider à se relever, mais ses jambes refusaient de la porter. Sans prononcer un mot, il passa un bras sous ses jambes, un sous sa taille, et la souleva. Avec précaution, il descendit vers le sol, prenant garde à ne pas glisser sur la mousse encore humide qui recouvrait l'écorce.

Sa poitrine semblait enflammée, chaque minuscule mouvement menaçait de lui arracher un cri et l'inconscience bienveillante semblait vouloir lui tendre les bras. Repoussant les ténèbres, Ifraelle se raccrocha de toute ses forces à la réalité. Les bras d'Alaya passés sous elle lui semblaient pareil à des ancres destinés à la maintenir dans le monde réel. Sur sa poitrine, sa pierre-esprit pulsait d'une chaude lumière orangée, achevant de lui rappeler qu'elle n'était pas encore morte.

Étouffant un hurlement de douleur lorsqu'enfin Alaya se réceptionna habilement au sol, Ifraelle rouvrit enfin les yeux, retenant des larmes de douleur. Aussi doucement que possible, son capitaine la déposa au sol avant de s'éloigner rapidement. Allongée au milieu de hautes fougères, l'univers d"Ifraelle se réduisait à ses immenses herbes s'élançant à l'assaut du ciel. Loin au dessus d'elle, des débris encore enflammés de leur appareil étaient suspendus aux arbres, menaçant d'achever leur chute à tout instant. Serrant les dents, Ifraelle tenta de se redresser et se raidit lorsqu'une explosion de douleur lui lacéra la poitrine. Elle devait avoir quelques côtes cassées. Ignorant la souffrance, elle parvint à s'accroupir, et , au prix d'incroyables efforts, réussit à se trainer jusqu'à un tronc d'arbre déraciné. S'adossant au bois, la jeune eldar jeta un regard autours d'elle. Une vision de cauchemars. Des débris enflammés parsemaient la zone, transformant ce qui avait été un paradis végétal en un aperçut de l'enfer. Cherchant du regard celui qui venait une foi de plus de la sauver, Ifraelle le vit soudainement apparaître à ses cotés, son visage pâle n'exprimant aucune émotion pour qui ne le connaissait pas. Elle qui se targuait de posséder un sens presque surnaturel pour sentir approcher les gens, sursauta lorsqu'il lui tendit sans un mot un objet à l'aspect familier. Le remerciant du regard lorsque des mots auraient étés trop douloureux, elle referma ses doigts faibles sur son amplificateur psycho-sonique. Son salut et sa malédiction. Un faible sourire vint étirer ses lèvres carmines alors qu'elle laissait courir sa main le long des attaches du masque de Banshee. Elle aurait besoin de la force de son dieu pour tenir assez longtemps. Mais auparavant, elle avait quelque chose à faire. Grimaçant sous l'effort, elle tenta de se lever pour retomber aussitôt. Bandant ses muscles, elle parvint à se soulever assez pour atteindre l'objet attaché autours de sa cuisse droite. D'apparence banale, il d'agissait d'un localisateur orbital lui permettant de demander une extraction n'importe quand. Sauf lorsqu'un arbre de plusieurs tonne tombait en plein sur le dit appareil. Réduit à l'état de débris métalliques, ce qui soit dit en passant lui avait probablement sauver les jambes, elle le jeta de coté avec un soupir de dépit si désespéré que bien des hommes auraient fondus en larme à la seule idée qu'une telle créature puisse souffrir d'un si grand chagrin.
Ce qui bien sur ne changeait absolument rien à leur situation, songea Ifraelle, se moquant d'elle même pour changer. Reportant son regard vers le symbole de son Temple d'Aspect, elle s'autorisa un dernier sourire avant que cette partie de son visage ne disparaisse sous la Banshee.

Dès l'instant où son masque fut en place, la jeune eldar sembla se transformer totalement. Ses traits angéliques se tordirent en une grimace tourmentée alors qu'une froide détermination chassait le doute et le faiblesse de son regard. Une lueur de mort dansa un instant dans ses yeux et la première chose qu'elle fit fut de porter la main au pommeau de ses épées. Ignorant la douleur lancinante, Ifraelle se remit debout avec une grâce mortelle.L'incarnation de l'Aspect de la Banshee dans toute sa gloire. Lorsqu'elle revêtait son masque, Ifraelle abandonnait une partie de son être à Kaela Mensha Khaine, le dieu du meurtre du panthéon eldar. En contrepartie, celui-ci la purgeait de ses faiblesses, la transformant momentanément en autre chose. Lorsqu'elle ôtait son amplificateur, Ifraelle redevenait aussi douce qu'un agneau, se libérant de sa sauvagerie en même temps que de son masque. D'un bref hochement de tête, elle signala à Alaya qu'elle était prête à lever le camp.

"Il y a peu de chance que de l'aide nous parvienne Ard'Hel'Manë, dit-elle d'une voie aussi froide que la mort, nous devrions attendre quelques temps ici au cas où notre flotte ait repéré notre signal de détresse avant le crash, puis nous devrions partir, peut être pourrions nous trouver un clan Exodite. Quels sont vos ordres ? "

Telrina bandait son arc. La force nécessaire pour armer ce donneur de mort était importante et du point de vue de beaucoup l'arme était rustique mais c'était sa création, fait avec le bois de la jungle et le savoir de Kurnous. L'oiseau volait en esquivant abrbre après arbre, guettant les insectes géants dont son espèce rafolait. Telrina elle était aussi imobile que le scorpion avant la frappe. Elle vit soudain l'oiseau fondre sur une proie et la clouer à l'arbre de ses serres.

La flèche partit, clouant à son tour l'oiseau au tronc. La jeune exodite se releva doucement du couvert des branches d'où elle avait guetté sa proie avant de bondir sur les branches de l'arbre voisin, celles ci pliant à peine sous son poid. Elle alait récupérer sa proie quand elle entendit un bruit strident. Alors qu'elle relevait les yeux elle vit un gigantesque oiseau de feu descendre sur la terre. Non, pas un oiseau de feu, à y mieux regarder elle distingua les formes caractéristiques d'un Vampire eldar. Que pouvaient bien faire les pirates ici? Et surtout si près du sol?
Telrina vit avec une pointe d'horreur l'aéronef passer sous les frondaissons avant d'entendre un bruit horrible tandis que le vampire s'écrasait. En un instant elle senti la détresse de la forêt alors que plusieurs arbres devaient être fauchés par le crash. Des centaines d'oiseaux et d'insectes s'envolèrent subitement alors que Telrina perdait l'équilibre et tombait de son perchoir. L'eldar parvint néamoins à se racrocher à une branche avant de connaitre un sort funeste.

Telrina resta un instant suspendue à la force de ses bras, réfléchissant sur l'attitude à prendre. Elle avait totalement oublié la chasse, ce crash annonçait une nouveauté bienvenue. L'exodite se décida donc finalement à partir en direction de là où devait se trouver l'épave, peut être y avait il des survivants? Sans celà il y aurait surement des objets interssants à récupérer.
D'une traction des poignets elle se rétablit sur la branche avant de partir en route. Les bruits abituels de la forêt avaient disparus subitement après lle crash, comme si la jungle entière retenait son souffle. Au milieu de cet étrange silence, le bruissement des feuilles causé par le dépacement de l'eldar résonnait comme un horrible tintamare à ses oreilles. Heureusement cette zone de la jungle était plutot calme.

Après seulement dix minutes Telrina arriva aux abords de la zone sinistré. Le hurlement d'agonie des arbres lui faisait légèrement tourner la tête mais elle parvint à s'en débarasser assez rapidement. Toujours sur son arbre perché, elle vit la pauvre carcasse de l'aéronef écrasé. Ses délicates ailes étaient froissées comme du papier et son corps même présentait une large déchirure là où un arbre séculaire l'avait éventré. Au milieu de cette dévastation elle vit deux eldars inconscients. L'un se réveilla et partit aider l'autre qui se retrouvait prisonière sous un arbre abattu. Une femelle nota Telrina. Elle resta un moment à les observer reprendre lentement leurs asprit. La femelle mit un masque effrayant la qualifiant comme l'une de ces folles qui devenaient prisonières de leurs natures sauvages, ces guerriers aspects. En y repensant Telrina se rendit compte qu'elle même était en quelque sorte prisonière de ses instincts. Triste ironnie pour celle qui recherchait avant tout la liberté.
Finalement Telrina vit les deux eldar s'assoir comme semblant attendre quelque chose. De l'aide peut être? L'exodite savait que la seule aide sur laquelle on devait compter était la sienne propre et celle de certains élus mais elle se sentait d'humeur sociable pour une fois, aussi fit elle le tour de la clairière en restant perchée dans les frondaisons avant d'atérir derrière les deux eldars à l'aide d'une lianne dans le silence le plus total.

-Bonjour! lança elle d'une voix moqueuse. En réponse elle vit les deus eldars se retourner face à elle dans une attitude menaçante. La surprise n'avait peut être pas été une bonne surprise. Alors qu'elle gardait une main fermement acrochée à sa lianne dans l'éventualité où il faudrait fuir elle baissa l'autre vers un des pistolets shuriken à sa ceinture, priant Kurnous et Isha de ne pas avoir à s'en servir.

Alaya regarda d'un oeil particulièrement méprisant l'arme rudimentaire faite de bois et de corde, qui lui semblait une insulte directe à la technologie de son peuple. Même les plus attardés des Mon'Keighs n'en utilisaient plus depuis des millénaires. Son regard se porta ensuite vers la propriétaire de l'arme. Une exodite. Comparé aux nombreux représentants de ce peuple qu'il avait rencontré dans le passé, elle avait presque l'air d'une sauvageonne. Seul le pistolet accroché à sa ceinture le persuada qu'il ne s'agissait pas d'une Eldar complètement retournée à la vie sauvage, comme il avait entendu qu'il en existait parfois sur les planètes exodites.
Il ne répondit à son injonction qu'après de longues minutes.
"Nous cherchons un transmetteur capable de contacter un vaisseau en orbite."
Comme à son habitude, le ton était dur, cassant, et tout détail inutile était écarté.

L'exodite considéra avec curiosité mais méfiance les deux individus qui se tenaient devant elle. Elles ne savaient lequel des deux était le plus menaçant : la femme au masque guerrier qui irradiait d'une aura guerrière, ou l'homme au regard noir et à la voix glaciale ? Reportant son jugement à plus tard, elle répondit : "Je dois certainement pouvoir vous trouver ça. A qui ai-je l'honneur ?"
Une pointe d'ironie était perceptible.
Alaya haussa un demi-sourcil, signe d'un rare état d'énervement. Mais dans sa situation, il n'était pas prudent de laisser fuir une quelconque chance de salut.
" - Alaya Hel'Manë, capitaine des Chasseurs gris.
- Ifraelle Alënor. Je sers le Dieu à la Main Sanglante", enchaîna la voix déformée par le masque.

[Je te laisse répondre avec Telrina.]

Telrina sentait le mépris qui peçait dans la voix de l'eldar. Elle savait à quoi elle ressemblait, une sauvageonne dont même ses frères exodites se moquaient à l'ocasion. Elle vit le regard hautain qu'il posa sur son arc en bandouillère. Peut lui importait, sa vie lui convenait et quoi que les autres puissent penser, personne ne survivait avec une flèche plantée entre les deux yeux. Elle soutint le regard de l'eldar, trouvant qu'il manquait de la force qu'apportait la vie des exodites mais tel était sa vie, seul les dieux savaient quelle voie était la meilleure à suivre.

-Je suis Telrina du clan de Kagos, dernière survivante de la maison Harlond et chasseuse dévouée à Kurnous. A ce que je voit malgré tout le rafinnement de votre engin, vous volez moins bien que l'aigle. Vous ne semblez pas à votre place ici. Une nuit et les mégasaure vous auront sans doute mangé.

L'exodite senti les deux autres eldars se crisper face à ses paroles. Si ils n'étaient pas capable d'accepter la vérité c'était un problème de plus à gérer. Malgré tout, celui qui s'était présenté comme un certain Alaya prit la parôle.

-Nous avons besoin de comuniquer avec nos amis afin qu'ils puissent nous sortir de ce, il lança un regard dédaigneux alentour, sanctuaire de la nature. Pouvez vous nous aider ?

-Bien entendu, le village de Kagos doit se trouver à moins de deux heures de marche et ma propre demeure se situe non loin. Je suis prète à vous héberger une nuit si vous êtes capable de vous fournir votre propre nouriture. Mais dépechez vous, la nuit ne va pas tarder, et avec elle vont sortir les véritable seigneurs de la jungle.

Alaya faillit répliquer avec aigreur qu'il ne suffisait pas d'être gros et d'être couvert d'écailles pour effrayer un capitaine pirate et encore moins pour mériter le titre de seigneur de la jungle, mais il ne dit mot. Cette jeune impertinente était sa seule chance de retour à la civilisation, et bien qu'elle ignorât qu'il avait combattu bien pire que de simples lézards lors de ses longues errances, il fit mine d'acquiescer - un imperceptible mouvement de tête, plutôt.

"Nous avons seulement besoin d'un transmetteur."
Bien que les mots lui pesèrent, il ajouta : "Mais nous vous remercions pour votre hospitalité."
En réalité, il ne voyait guère de différence entre le fait de dormir à la belle étoile ou dans ce qui devait certainement être une hutte primitive, mais il lui paraissait sage d'adoucir le ton de sa voix pour ne pas brusquer inutilement la sauvageonne qui paraissait susceptible.

"Nous vous suivons", insista-t'il, ce qui équivalait plus ou moins à un ordre implicite de départ. L'exodite fit semblant de ne rien remarquer et le groupe à l'allure hétéroclite se mit en marche en silence à travers les arbres calcinés et les fougères roussies.

La progression était rendue difficile par la profusion de la flore, de la mousse qui tapissait le sol aux lianes traîtresses qui pendaient des arbres et étaient prêtes à se refermer sur les créatures imprudentes qui ne remarquaient pas le jabot végétal d'où elles provenaient. A plusieurs reprises, les trois voyageurs croisèrent aussi des animaux - d'innofensifs oiseaux-citrons, quelques serpents-dague qui disparaissaient en sifflant sous les feuilles mortes, un petit carnivore au cuir épais et portant une carapace ; tous prirent la fuite devant les Eldars. Mais lorsque ceux-ci entendirent le craquement d'arbres qui se déchirent, l'inquiétude monta brusquement. Telrina ordonna à ses compagnons de s'arrêter et de faire silence.
"Il s'agit probablement d'un Mégasaure, chuchota-t'elle. Ce ne peut être une machine de métal telle que certains Mon'Keighs en utilisent, aucun ne prendrait la peine de venir patrouiller dans cette région. Il ne nous reste qu'à prier Isha pour qu'il ne s'agisse pas d'un carnivore."


Alaya répugnait à faire usage de ses pouvoirs de psyker ; sa formation était loin d'être achevée quand il avait quitté son vaisseau-monde, et son esprit était à la merci des ombres du Warp. Cependant, quand la situation l'imposait, il était capable aussi bien de faire jaillir des éclairs de sa main que d'améliorer la concentration de ceux qui l'entouraient, et justement, la situation était de celles qui ne laissent aucun choix.
A la stupéfaction de Telrina, qui n'avait jamais assisté à ce spectacle, Alaya ferma les yeux et commença à marmonner les noms de runes. L'exodite tendit la main pour lui saisir le bras et lui demander ce qui se passait, mais un regard appuyé de la Banshee l'en dissuada.
Les mots se suivaient de plus en plus vite, guidant l'esprit du psyker dans les méandres de l'Immaterium à la recherche de ce qu'il désirait. Ses sens ne lui étaient d'aucune utilité dans le crépuscule chamarré mais étrangement noir qu'était le Warp. Les reflets des pensées l'entouraient, rendus momentanément accessibles à sa conscience, saisissables mais fugaces. Brillant étrangement dans les brumes de son esprit, une forme rougeâtre flottait avec paresse. Alaya s'en approcha mentalement. Il ne ressentit aucune agressivité, juste les lentes pulsations du coeur d'un herbivore. Le psyker quitta aussitôt son état de transe, revenant à la réalité matérielle et retrouvant l'usage de son corps.

"C'est un herbivore. Occuppé comme il est à brouter, nous pouvons passer sans crainte."
Alaya prit la tête du trio et se dirigea droit vers l'endroit d'où provenaient les bruits, devant Telrina plus étonnée que jamais, et Ifraelle qui ne manifestait aucune émotion sous son masque.

Telrina était légèrement surpris, cet individu disposait de pouvoirs qu'elle avait seulement vu chez des prêtres de clan, ce qu'ils appelaient le Psyk. Peut être était il légèrement plus qu'un simple prétentieux désagréable? Toujours était il que ces deux personnages pourraient certainement l'occuper un petit moment.
Néanmoins ils étaient malhabiles. Ils ne faisaient pas plus de bruits qu'un oiseau mais aux yeux de l'exodite ils faisaient un boucan incroyable. La jungle n'était absolument pas leur environnement.
Après une petite dizaine de minutes de marche suplémentaire, le groupe arriva au pied d'un trio d'arbres gigantesques. Leurs troncs devaient faire plus de cinq mètres de diamètre.

-Nous sommes arrivés, dit Telrina.

Les deux autres eldar jettèrent un regard dédaigneux alentour. A voir leurs traits Telrina devinait leurs pensées "Dormir en pleine jungle?" "Quelle primitive". Qu'ils pensent comme ils le voulaient. Telrina passa dans leur dos un intant. Alaya se retourna pour faire face à leur hôte mais l'exodite avait disparut.

-Où est-elle encore passée ? lança le capitaine pirate, visiblement exaspéré.
-Ici répondit Telrina.

Ses deux invités levèrent les yeux, ne voyant rien au milieu de la canopé. Soudain une échelle de corde tomba du ciel, menant à un réseau de passerelles de cordes et de bois. En lieu et place d'une simple hute, tout un réseau de petites constructions étaient harmonieusements instalés dans les branches maîtresse reliées par des passerelles délicates. En une vingtaine d'années, Telrina avait aménagé son royaume, en faisant son palais et sa forteresse.
Une fois les deux eldars montés à l'échelle, ils restèrent un instant surpris devant ce qu'ils virent avant de reprendre un masque de mépris. Telrina les mena à la structure principale, quelques meubles qu'elle s'était procuré auprès d'autres pirates décoraient une grande pièce sur le mur de laquelle trônait une antique armure de moelle spectrale et une lance finnement ouvragée, derniers héritages de l'ancienne vie de l'exodite.
Telrina ouvrit un petit meuble et en sortit un simple communicateur vocal avant de le tendre au capitaine pirate.

-Tenez, vous êtes chez vous pour ce soir, je vous prierais de ne pas tout déranger, chacun de ces objets m'est d'une grande importance.

"Nous vous remercions."
Alaya avait été plutôt surpris de voir que malgré ses manières, l'exodite vivait comme ses pairs, en fin de compte, dans un confort qui aurait pû paraître très relatif aux yeux d'un habitant des vaisseaux-mondes, mais qu'un capitaine pirate reconnaissait à sa juste valeur. Il fut même presque impressionné par l'arme et l'armure de moelle spectrale. Ainsi, même si cette petite sauvageonne avait plus ou moins renoncé au contact de son peuple, elle descendait d'une lignée plutôt importante sur la planète.
Chassant ces réfléxions, Alaya saisit le communicateur et pianota rapidement sur ses touches, bien qu'il eut plus l'habitude des écrans tactiles. Une nouvelle voix résonna bientôt dans la pièce richement décorée :
"- Appareil de transmission inconnu. Veuillez vous identifier.
- Capitaine Alaya Hel'Manë. Nous nous sommes échoués à la surface d'He Ny'Ara et demandons des renforts. Envoyez immédiatement un équipage et une navette.
- Capitaine !, fit la voix soudain plus chaleureuse. Nous sommes heureux de savoir que les dieux ont veillé sur votre vie. Nous êtions presque prêts à partir à la recherche de votre pierre-esprit, il nous suffit de demander à l'équipe envoyée de venir vous rejoindre. Nous avons capté vos coordonnées, il ne vous reste plus qu'à attendre quelques heures tout au plus."

Alaya éteignit le communicateur et le rendit à l'exodite.
"D'autres pirates arriveront bientôt. Puisque nous sommes maintenant à la surface de la planète, nous devons nos forces à celles d'un clan et enfin en finir avec les Mon'Keighs. Telrina, saurez-vous nous guider jusqu'à un des chefs de tribu ?"

-Comme je vous l'ai dit plus tôt, la tribu de Kagos se trouve non loin. Une petite heure de marche. Bien qu'affaiblie, cette tribu garde une certaine puissance, cependant ne comptez pas sur moi pour vous introduire face au chef, il occupe le trône de mon père, je ne m'agenouillerait pas devant lui. La tribu pourrait vous fournir des montures au dos desquels rejoindre les tribus de plus grande envergure ne serait pas long. A vous de voir. Cependant je vous conseille de laisser passer la nuit, comme je vous l'ai dit, la nuit la jungle se transforme en terrain de chasse, même le chasseur doit savoir se retenir quand un prédateur plus dangereux est dans les parages. Sur ce bonne nuit, je me retire jusqu'au matin.

Ysmir scrutait les écrans de recherche dans l'espoir d'apercevoir une trace de forme de vie intelligente. Ce qui énervait prodigieusement le technicien chargé de cette tâche.
- Par Khaine enlève toi, je ne vois plus rien ! tempêta ce dernier.
- Ça va, je recule.
Ysmir s'éloigna des différents écrans de contrôle à l'intérieur de la navette. Il s'approcha d'une fenêtre dans l'espoir futile d'être plus efficace que les détecteurs.
- Tu tiens tant que ça au capitaine ? demanda un pirate assis sur une banquette.
- Au capitaine non, mais à Ifraelle oui.
-Ça m'aurait étonné aussi, bougonna le pirate.
La sonnerie caractéristique de l'appel radio retentit dans l'habitacle. Un des pilotes décrocha puis raccrocha presque aussitôt.
- Le capitaine a émis un appel à l'aide depuis une position non loin, on est chargé d'aller le retrouver, de vous déposer et de repartir.
Les eldars commencèrent à montrer des signes d'action quand le pilote annonça.
- Par contre vous allez devoir descendre en rappel, la jungle est trop épaisse pour qu'on puisse se poser.
La plupart des eldars furent refroidis par cette annonce imprévue, sauf un. Ysmir avait deux raisons d'être de bonne humeur : la première était qu'il allait pouvoir retrouver la beauté qu'était Ifraelle, et la deuxième, qu'il allait pouvoir faire un de ses sports préférés (et Khaine seul sait s'ils sont nombreux).

La navette était stationné en vol juste au-dessus de quelques arbres immenses qui dépassait de cinq bon mètres par rapport à la canopée environnante. Canopée qui était déjà à une trentaine de mètre du sol.
La navette bougeait très peu, des conditions optimales pour une descente en rappel, mais qui, selon Ysmir, manquait de sport.
Ce dernier s'avança vers la porte coulissante de la navette. Un filin avait été lâché de la navette et disparaissait dans l'épais feuillage. Ysmir saisit le filin à pleines mains et s'y accrocha. Puis il descendit rapidement les dix bons mètres qui le séparait de la cime des arbres et s'engouffra dans un enfer de feuille et de branche qui lacérait son costume, fort heureusement solide. Il continua à descendre tout en écartant les branches du pied avant de finalement émerger des feuilles. Il risqua un coup d'oeil en bas et aperçut un réseau de passerelles. Trois (trois ?) silhouettes l'attendaient sur une passerelle plus grande que les autres. Il entreprit donc de descendre doucement jusqu'à eux. Il posa finalement le pied sur les planches de bois, d'apparence solide mais en réalité... très solides.
Il se tourna vers les trois personnes qui l'attendaient : son capitaine, toujours aussi sentimental, affectif et débordant d'amour pour son prochain ; Ifraelle, toujours aussi sublime et une exodite, apparemment, dont Ysmir ignorait tout.
-Salut.
Il remarqua alors que Ifraelle portait son masque de banshee, ce qui signifiait que ce n'était pas exactement le moment de parler d'amour et de passion. De toute façon c'est pas dans la jungle qu'il faut en parler. Encore que une conclusion dans les fougères, séparé du groupe principale aurait son charme. Non c'était pas le moment d'y penser, ne serait-ce que parce qu'elle était capable de vouloir le tuer rien que pour ça. Il se promit par contre d'y repenser si la-dite occasion se présentait.

Tout à ses pensées il ne remarqua pas que les neuf autres eldars étaient descendus eux aussi, entiers et presque pas pâles. Le capitaine commença alors à ouvrir la bouche pour daigner parler.

[EDIT Arduilanar : j'aiun peu corrigé ton post, il y avait des fautes et une ou deux choses que je vois mal dans la bouche d'un Eldar.]

"Nous passons la nuit ici et partons dès l'aube de demain à la recherche du clan de Kagos. Nous sommes accueillis par cette jeune femme, dit-il en désignant Telrina de la main, alors veillez à vous comporter de manière irréprochable."
Les nouveaux arrivants acquiescèrent d'un signe de tête. Le capitaine n'aimait pas être contrarié.

"Ysmir, je veux un descriptif complet de l'état de la flotte en orbite après l'attaque subie.
- Nous n'avons pas subi d'autres pertes que le Vampire, capitaine, et les chasseurs du Chaos n'ont pas reparu. Son état est donc le même qu'avant votre départ."
Sans répondre, Alaya tourna le dos à son interlocuteur et rentra dans l'habitation exodite, signe que la conversation était terminée. Ysmir soupira. Le capitaine ne changerait jamais.

La nuit était déjà tombée depuis longtemps mais Ysmir ne dormait toujours pas. Il avait gardé quelques mauvaises habitudes de sa (courte) vie chez les humains. Notamment celle de ne se coucher que quelques heures avant le lever du jour. A croire que les humains étaient des créatures nocturnes.
Ysmir profitait de l'air frais et doux de la forêt, bien moins humide que pendant la journée. Il était calé sur une branche d'un gros arbre, loin au dessus du sol, ou plutôt de la couche de mousse qui le recouvrait.
Il polissait une de ses dagues avec un soin méticuleux (une des rares choses qu'il fait avec soin d'ailleurs). Il tenait la dague entre ses genoux et frottait contre elle la bande de cuir solide qu'il utilisait pour remettre en état toute sortes de lames. Celle-ci allait et venait à une vitesse incroyable contre la dague, ôtant toute trace de salissure, de rouille ou d'usure. Régulièrement Ysmir posait le cuir sur la branche, se levait, prenait la dague en main et effectuait avec elle quelques passes avant de se remettre à la polir de plus belle. Cela dura un bon quart d'heure avant qu'il ne soit satisfait du résultat. Puis il répéta la même opération avec la dague gauche. Après avoir pris soin de ses deux dagues, il les rangea, remit dans la pochette adapté la bande de cuir et saisit sa lame mordante. Il sortit également de sa pochette un petit flacon de silice. Il posa la lame mordante sur ses genoux et ouvrit un petit compartiment juste au-dessus de la garde, dans lequel on distinguait la chaine de lames. Il versa un peu de silice dans le compartiment et le referma. Puis il mit en route le mécanisme de l'épée. Au vrombissement des lames s'ajouta le grésillement du silice qui frottait à toute vitesse contre celles-ci.
Ysmir se laissa aller contre le tronc, écoutant les bruits de la forêt tout en prêtant attention au vibrations qui animaient ses jambes. C'était ce qu'il avait toujours préféré dans les mondes exodites, le silence et le calme de la jungle. Bien qu'à la longue les relations sociale lui auraient manqués il se rappelait avoir à plusieurs reprises songé à faire comme leur hôte. Une fort jolie hôte d'ailleurs. Enfin bref.
Ysmir perçut un changement dans le vrombissement de la lame. Un changement imperceptible pour n'importe quelle personne ne s'intéressant pas aux lames mais qui lui semblait immense, lui indiquant que tout le silice avait été éjecté par les lames. Il reprit l'épée et l'éteignit. Puis il détacha une des plaques protégeant le mécanisme pour pouvoir d'actionnement de la chaîne pour pouvoir y accéder. Un mécanisme bien plus perfectionné que celui d'une épée tronçonneuse ordinaire et que Ysmir connaissait maintenant par coeur. Il ajouta un peu d'huile, remit en place quelques rouages et réessaya de faire tourner la lame. Le doux vrombissement qui s'en éleva confirma à Ysmir que celle-ci était en parfait état.
Au vu de la journée qui les attendaient demain il décida d'aller dormir. En passant devant la pièce principale de la demeure suspendue il remarqua un reflet qu'il ne connaissait que trop bien. Un reflet de lame, mais d'une teinte un peu beige indiquant un matériau différent du commun des armes. Passant outre l'interdiction de leur capitaine il décida d'aller voir. Il en resta bouche-bée : devant lui, accroché au mur il y avait une magnifique lance spectrale, hélas fort abimé par des siècles de non-entretien.
Précautionneusement, comme on tient une relique, Ysmir décrocha la lance, s'assit par terre et commença à polir l'arme. La moelle spectrale était très dure à entretenir et Ysmir mit une application toute particulière à la rendre parfaite. Quelques minutes avant l'aube, après plusieurs heures de travail intensif, il reposa la lance sur son support et se dirigea vers la sortie. Il remarqua alors que l'exodite se tenait dans l'encadrement de la porte.

Telrina n'avait que peu dormi. Trois heures lui sufisait pour récupérer d'une journée entière. Elle avait profité du reste de la nuit pour observer les autres. Les actes de celui dont le nom était Ysmir. Il était resté tout du long éloigné des autres, entretenant ses armes avec grand soin, en solitaire. Il ne semblait pas très bien intégré aux autres, mais très attentif envers ses armes. En celà les deux eldars avaient un point commun. Telrina avait abandonné la volonté de toujours vivre près des autres mais dans son dévouement à la chasse elle réverait ses armes, ses biens et les dieux. Une vie simple mais selon elle loin d'être plate.
Le voir s'approcher de la salle principale l'avait désinterressé et elle était partie quelques heures dans la forêt, profitant de la fraicheur de l'aurore, de la douceur de la rosée. Elle alait quitter son domaine pour un temps. Malgré son amour de cette vie d'ermite, elle ressentait l'appel de l'aventure, elle avait réunit ses effets, prenant deux épées courtes au tranchant monomoléculaire qu'elle avait obtenues autrefois en sauvant la tribu d'Orochi d'une attaque d'orks, elle portait toujours en bandouillère son fidèle arc mais elle avait changé sa tenue de chasseresse pour une combinaison souple et assez résistante que lui avait valu une autre de ses aventures.
Toujours légère, cette tenue lui dégageait les bras et le dos, la prémunissant de la chaleur de la jungle, de même ses jambes restaient grandement dégagés, elle savait bien qu'elle ne survivrait probablement pas à une arme à projectile moderne mais elle ne comptait pas se laisser tirer dessus. Comme toujours elle pourrait compter sur son corps et ses réflexe comme assurance. Elle restait une chasseresse de Kurnous, tant qu'elle resterait dans son élément, elle n'aurait pas grand chose à craindre.

Alors qu'elle retournait vers la salle principale, elle retrouva Ysmir qui venait de reposer la lance spectrale sur son support. La lance était resplendissante, son tranchant poli et à nouveau aussi mortel que vingt ans auparavent, lorsque l'exodite avait quitté la maison familiale, l'emportant comme dernière trace de son passé. Depuis l'or, elle ne s'en était jamais servi, souaihtant ne pas oublier ce qu'elle fut mais rester ce qu'elle était devenue. Revoir la lance ainsi briller lui rappela les duels de son père, le renom de sa famille, l'esprit du clan. Mais tout ceci était fini, mort et enterré.

-Je vous remercie pour cette attention, commença Telrina en s'avançant vers la lance. Elle ravive en moi beaucoup de choses, des choses que j'ai voulu oublier mais qui font partie de moi. Néanmoins, c'était inutile. J'ai renoncé à me servir de cette arme en même temps que j'ai renoncé à ma noblesse. Revenir sur le passé n'est pas toujours une bonne chose, c'est là l'un des enseignements les plus importants de l'histoire notre race.

Ysmir voulut dire quelque chose mais il se tut au spectacle de la jeune eldar posant la main sur l'héritage de ses pères. Il se dégageait de cette image une grande puretée que le danseur ne voulait rompre. Telrina s'agenouilla par la suite devant l'armure, l'autre trace de son moi passé avant de se relever avec un air ferme.

-Allons retrouver les autres, le village à beau ne pas être loin, plus tôt partirons nous, plus tôt nous serons rendus.

Alaya était étendu sur la couche que lui avait prêtée l'exodite. Les yeux ouverts, il fixait le plafond couvert de tâches d'humidité, tâchant d'y percevoir des formes, des symboles.
Il se laissait rarement aller à dormir plus de quelques heures d'affilée - il détestait laisser son esprit hors de contrôle, et le mettre ainsi à la merci des méfaits du Warp qui hantent les rêves et menacent les psykers.
Depuis la mort de son père, il avait vécu dans une paranoïa constante. Il s'était juré de vivre pour venger son père, luttant contre le Chaos qui lui avait ravi son héros, et pour cela, il devait se tenir à soigneuse distance de la dépravation qui guette les Errants dès qu'ils quittent les havres que sont les vaisseaux-mondes. Les premières années s'étient déroulées dans une anoisse constante, la peur d'entendre la voix pernicieuse d'un démon, de sentir la naisance d'une conscience indépendante et néfaste au sein de son esprit, de sentir que son corps ne lui appartenait plus. Au fil de ses errances et de ses rencontres avec des Eldars plus âgés et aguerris, il avait appris à maîtriser ses craintes, et s'était imposé des règles de vie au moins égles en rigueur à celles qui gèrent la Voie de l'Eldar. Se priver de sommeil ne faisait pas partie des contraintes imposées, mais plutôt des réminiscences de ses anciennes angoisses.
Aussi passait-il la plus grande partie de la nuit les yeux ouverts, à laisser le temps passer comme une rivière qui jamais ne cesse de couler et emporte tout avec lui. Le silence de l'obscurité, voilà ce qui l'aidait à retrouver la paix.

Son repos fut interrompu par les signes d'une grande agitation. Bruits de pas, discussions à voix plus ou moins basses, sangles de valises bouclées. L'heure du départ était venue.
Alaya se leva. Il n'avait pas quitté son antique armure de psychoplastique, ni son épée et son pistolet - être toujours prêt à défendre sa vie, telle était une des règles qu'il s'imposait. Il enfila son grand manteau gris et agrafa sa cape, puis sortit de la pièce où il avait dormi. Il tomba aussitôt nez à nez avec Telrina.
" - Nous partons pour le village. Les autres sont déjà prêts.
- Très bien. Dites leur de descendre dans cinq minutes."
L'exodite allait rétorquer qu'elle n'était au service de personne sinon Kurnous, mais le pirate descendait déjà l'échelle de corde qui menait au sol.

Telrina bouillonnait interieurement. Lui donner des ordres? Alors que cet eldar n'était qu'un simple invité? Cette arogance typique de sa propre race était une des raisons pour lesquels elle avait quitté les siens. Elle même l'était, mais elle ne pouvait suporter l'arrogance des autres.
Sans plus dire un mot, l'exodite sortit de la pièce, prit une lianne et descendit sceller Ambre, sa fidèle monture. Le magnifique saurien aux écailles luisantes semblait comprendre que l'heure de l'action était venue. Telrina lui instala un petit paquetage sur le dos et le fit sortir de son enclos. Lorsqu'elle eut finit elle trouva les autres eldars qui avaient finit par descendre d'eux même. Elle les regarda un instant du haut de sa monture avant de descendre, il ne servait à rien de pouvoir dépasser de très loin la vitesse de ceux que l'on accompagnait.

La servante de Khaine avait retiré son masque et semblait fixer l'exodite avec un mépris affiché. Les deux femmes se toisèrent un long moment mais le départ du groupe mit un terme prématuré à leur duel de volonté.

Le groupe marcha plus d'une heure durant, suivant leur étrange guide. Telrina profita de ce moment pour tenter d(ouvrir la conversation avec celui qui s'appelait Ysmir. Elle tenait plus où moins à avoir quelques informations venue de l'extérieur. Malgré son vif désintéret à ce sujet la plupart du temps, elle aimait avoir le maximum d'informations lorsqu-elle partait à l'aventure. De plus cet étrange eldar l'intriguait, il restait très évasif sur son passé, comme Telrina l'était elle même.

Après une longue marche, le groupe arriva enfin en vue du village exodite, Telrina frissona alors que les souvenirs de ce lieu lui revenait en mémoire. Un lieu où elle aurait dû rêgner!

Ifraelle posa un regard acéré sur les taillis qui les entouraient. Chaque arbuste tressaillant sous l'effet de la brise pouvait cacher un ennemi en embuscade, à ses yeux toutes les ombres de la forêt se mouvaient en assassin. Et malgré tout ses efforts, la boue s'acharnait à accrocher ses bottes. Décidément, elle n'aimait pas la jungle. Ruminant ses sombres pensées, elle ne s'éloignait pas de son commandant, sa sécurité passant avant tout. Elle n'avait presque pas dormis de la nuit, effectuant des tours de garde autours de ses quartiers jusqu'à ce qu'enfin elle accepte de laisser les autres eldars la relayer et qu'elle se laisse tomber d'épuisement. Elle ne faisait confiance à personne d'autre qu'elle même lorsque la vie d'Alaya était en jeu.

Ses côtes ne la faisaient plus souffrir. Plus autant. C'est pourquoi la jeune eldar marchait malgré tout d'un pas allègre, ses yeux pétillants en amande s'arrêtant régulièrement sur le dos de l'Exodite. Elle ne l'aimait pas. Dès la première seconde de leur rencontre, elle avait été à deux doigts de décoller sa tête du reste de son corps. Telrina avait alors eut de la chance de ne tenir aucune arme, sans quoi la Banshee n'aurait pas retenu son bras.
La rage de son dieu l'avait depuis quitter, mais le ressentiment ne l'avait pas abandonnée pour autant. Cette sauvageonne prenait tout le monde de haut, et l'arrogance de sa personne rappelait à la jeune eldar de mauvais souvenirs de sa vie passée. Elle se croyait différente des eldars des vaisseaux-mondes ? Ah ! Si elle savait. Vivre dans une jungle ne vous rendait pas différent, juste moins présentable.

Son regard vagabonda jusqu'à la silhouette d'Ysmir se frayant un chemin au travers de la végétation. Sans qu'elle l'ai voulu, un léger sourire vint planer sur ses lèvres. Dire qu'elle l'aimait bien relevait de l'euphémisme. Même si l'habitude qu'il avait de flirter lui tapait légèrement sur les nerfs, ses histoires la fascinaient. Ayant connue elle aussi une vie d'errance, elle le comprenait, et aimait à penser qu'il la comprenait également. Et puis, elle trouvait que les cicatrices avaient un charme fou. Il faudrait qu'elle pense à l'inviter, le temps d'une séance d'entrainement au sabre. Comme s'il avait sentit son regard, il tourna la tête vers elle et lui fit un grand sourire.

Lui tirant malicieusement la langue, Ifraelle avisa que la végétation devenait soudain moins dense. Le village. Recouvrant son sérieux, elle coiffa son masque alors que son regard durcissait. Jugeant plus sage de dégainer ses lames et ayant toujours des doutes concernant la sauvageonne, elle les sortit de leur fourreau avec une note métallique menaçante avant de prendre position sur la droite de son commandant, légèrement en retrait. D'après son expérience, il était plus doué qu'elle pour tout ce qui touchait de prêt ou de loin à la diplomatie.