La seconde prophétie

Ca marche.

Mais je ne dois pas être trop paumé, non plus. Parce que je vais devoir troquer l'armure de mon père (à laquelle je tiens énormément) contre ce voyage. Disons que je ne veux pas perdre mon seul allié en ces temps difficiles.

Comment ça "contre" ton voyage ?

Je ne pensais pas pas que tu paierais. Arsuynar t'offre une place dans son petit esquif de bon coeur.

Tu aurais pu être obligé de t'en séparer, bléssé et ne supportant plus son poids. C'est terriblement poignant.

Non. Arsuynar n'a aucune raison d'avoir un esquif.
Le peuple de Chrace n'est pas composé de marins mais de bûcherons.


Et puis j'aime assez l'idée de devoir m'en séparer à contre coeur et ne garder que le heaume et le bouclier.

A ce propos, on pourrait d'ailleurs jouer sur le fait qu'on a tous un "symbole" :
L'épée, la hache et le bouclier (je n'ai pas trouvé mieux pour un nain)
Le heaume, le lion et le crâne

Ca fait pas mal, non ?

L'épée peut aussi être le symbole du nain, à défaut d'autre chose. Mais si on lui écrit une partie, un bouclier pourrait être pas mal.Ou un marteau. Ou son bâton.

Ah, je pensais qu'Arsuynar construisait son bâteau, en vue de son départ.

Mais une place dans un navire marchand, par exemple, c'est tout aussi bien.

Et justement, t'en séparer parce que tu ne peux plus continuer avec, ce sera encore plus à contre-coeur. Tu serais seul, ensanglanté, à demi-mort d'épuisement et de faim. Et pourquoi pas en montagne, couvert de neige.

C'est plus poignant que de devoir la vendre. Et Arsuynar pourrait très bien te payer ta place.

M'enfin, c'est une idée en l'air.

Arsuynar n'a pas d'argent. C'est un simple bûcheron de retour au paysaprès des années.

Et puis je ne suis pas non plus un cadavre ambulant.

J'imagine bien la scène.

"-Holà, Capitaine ! Reste-t'il assez de place à votre bord pour deux elfes ?
-P'têt ben qu'oui, mais j'aimerais bien y voir comment qu'vous allez payer.
-Ceci suffira-t'il ?
Arduilanr exhiba un superbe plastron d'ithilmar finement ouvragé représentant ds dragons en vol et les armes de la famille Theril.
-Par Ulrik ! C'te babiole pourrait bien valoir plus que mon rafiot ! Bienvenue à bord, matelots ! Et pourrais-je savoir vos noms ?
-Tu n'en as pas besoin, répondit-il en lui tendant le reste de l'armure, à l'exception du heaume.
-Ben dis donc ! Vous devez être sacrément recherchés pour que vos noms valent si cher ! Sûr, j'aurais plus la classe avec ça sur le dos que ma vieille veste de capitaine, si je comptais pas la revendre à Marienburg ! J'en tirerai sûrement un bon prix.
-Sans doute, mais je préférerai ne pas en parler.
-Oh, mille excuses, mes seigneurs. Je me ferai muet comme un poisson."


C'est pittoresque, non ?

Le capitaine est donc un humain.

Pas vraiment à contre-coeur, le coup du "holà, il te plaît mon plastron ? Tiens, c'est cadeau !"

Enfin, presque.

J'y ai réfléchi avant.

C'est un humain, effectivement. A quoi l'as-tu deviné ?
Un capitaine issu de la populace de Middenheim.

Au "P'tet ben"

C'est pas vraiment poignant, cette façon de faire. Se séparer de tout ce qu'il te reste, et le donner à un humain.

Je n'ai pas le choix.

Je réécrirai tout ça pour le rendre plus poignant.

Tu aurais pu gratter l'or de ton armure avant de l'abandonner.

Ou alors, un protège bras ?

Une idée en l'air.

Je me vois bien en train de courir pour éviter les gardes, et le sale vieux bonhomme à l'air tordu qui me demande d'un air sournois ce que j'ai sur moi. (Je porte heureusement des vêtements sous mon armure .)
Et vu que je n'ai pas le choix et que je suis très pressé, j'accepte.
Mais mon coeur se déchire et j'ai les larmes aux yeux.

Et ces larmes seraient cachées par la capuche qui garde ton visage dans l'ombre.

C'est bien aussi. Et tu pourrais tout aussi bien retrouver Arsuynar à bord du bateau, si jamais tu n'as plus le courage d'écrire toutes ces escarmouches.

Il n'y aura plus d'escarmouches. Arsuynar courra avec moi, ça lui fera du bien.

Je ne peux qu'être d'accord.

Très bien.

Il me demandera ensuite pourquoi je suis poursuivi, ce qui fera l'objet d'une discussion à bord du bateau (je serais caché dans la cale).

Et vous vous êtes rencontré quand ? Sans paraître indiscret. Et sans te faire répéter.

Je le rencontre en arrivant en Chrace.
Je l'ai déjà dit.

Tu aurais très bien pu changer d'avis.

C'est plus compliqué que de le rencontrer dans la cale. Mais en avant les histoires !

Playmobile?

Disons qu'on se rencontre, qu'on part ensemble à la recherche d'un bateau, et qu'une fois dans le port je sois obligé de fuir. Je paie les places, je pars me cacher et Arsuynar détourne l'attention des gardes.

Où, plus précisemment ? C'est grand, Chrace. Au port ?

Je vais attendre le texte.

Je vais le rencontrer dans les forêts, pendant qu'il parcourt le pays qu'il aime. Puis on va ensemble au port, en faisant un crochet par sa demeure où il me soigne et où on discute un peu.

Te soigner ? Te palper ? T'enduire d'onguents et d'huiles parfumés ? Owi !

Non, me donner à manger une bestiole qu'il aura chassée.

Un moineau !