Arduilanar, seigneur de Caledor

La fourrure blanche était tachée de rouge. Couché sur le flanc, Mindoniel haletait, la langue pendue, le museau encore chaud du sang de sa proie. L’ombre des feuillages jouait sur son pelage, un vent doux caressait sa crinière. Mais c’était son propre sang qui s’écoulait…


C’était beaucoup trop facile. Difficile de passer inaperçu quand on bat les campagnes avec un lion blanc. Les villageois n’avaient pas hésité longtemps – étonnant comme la présence d’un poignard sous la gorge parvenait à délier les langues des paysans les plus bourrus. Le chemin avait été long pour retrouver leur cible, la piste traversait les océans et les continents. Mais ils l’avaient retrouvé, en dépit de toute la distance qu’il avait réussi à mettre entre eux et lui. Ils ignoraient encore comment il s’en était sorti, ou qui était celui qui l’accompagnait. Plus rien de tout cela n’avait d’importance, de toute façon. Il était enfin à leur portée…

Tu as écrit deux fois "avaient".

Le lion est mort !

Je...je n'oserais pas.
Dois...pas le faire...
Peut resister !

Raaah !


O wimboé, o wimboé, o wimboé !



Je commencais à bien l'aimer...
De simples sbires ou de véritables assassins du temple de Khaine ?

Pas tout à fait mort. Il halète, la langue pendante, les babines rouges de sang. Je vais le rajouter, d'ailleurs.

Ah bah non, j'avais déjà mis la langue pendante. Pendue. Pendante. Je suis troublé.

Oh mon Dieu, le suspense est intenable.
Difficile d'écrire dans ces conditions.

Le ciel s’obscurcissait avec une rapidité surprenante, les fines traînées blanches se muant en une épaisse nuée noire à une allure quasi-surnaturelle. Puis surgirent les ombres noires. Huit. Elles avaient pris le temps de préparer leur entrée en scène. Elles avançaient d’un pas égal, chacune d’une direction cardinale. Nord. Sud. Est. Ouest. Nord-est. Sud-ouest. Nord-ouest. Sud-est. Ils étaient cernés.
Arduilanar se redressa. Il avait compris aussitôt. L’épée s’alluma dans sa main…

Eux. Leur démarche arrogante et nonchalante, les capes noires volant au vent. Leur sourire, aussi. Race maudite… Le cœur d’Ilmathril gronda. Il tenait sa revanche…

"Mais c’était son propre sang qui s’écoulait…"
Il a deux trous rouges au côté droit ?

O wimboé, o wimboé, o wimboé. Naah nanah nah nanah nanah nah.
Nanah nanah, naanaaah.

Agaçant. C'est le thème de la semaine.

C'est quand même vachement triste de les faire mourir maintenant. On fait dans la dark fantasy.

"Il a deux trous rouges au côté droit ?"
J'y songeais. Et je me suis aussi rendu compte que l'entrée des ombres, que je trouvais épique, devait s'inspirer de Harry Potter. Avec les Mangemorts, sans doute. C'est bien leur style de faire irruption de la sorte. Maudit soit mon subconscient qui n'est pas toujours aussi imaginatif que je le voudrais. Moôodit !!

C'est seulement parce que les assassins druchiis ressemblent à des Mangemorts de toute façon
Ce soir, nous dînons en enfer !

Ou dans une pittoresque auberge de campagne.

Du lion.

Certes.

Mais encore ?

Nous dînons du lion. Voyons. C'est évident.

Mais irrespectueux.

Mon effet est gâché.

S'inspirer de Rimbaud et s'inspirer de Harry Potter, ce n'est pas à mettre sur le même plan.

L'entrée des ombres est épique. Cela dit, l'énumération des points cardinaux s'essouffle un peu. Il faut à la limite prendre le temps de s'imaginer l'assassin faire quelque pas avant de passer au suivant, pour que ça passe bien. C'est pourquoi je te suggère de ne pas les balancer en bloc.

Mais ils arrivent en même temps et de la même façon, c'est le problème.

Certes. Je détaillerai sans doute autrement.

Je n'aurai pas dû tout mettre sur la même ligne, en effet. Surtout que je jugeais l'effet Rimbaud positif, et l'effet H.P. dépréciateur.

Le ciel s’obscurcissait avec une rapidité surprenante, les fines traînées blanches se muant en une épaisse nuée noire à une allure quasi-surnaturelle. Puis surgirent les ombres noires. Huit. Elles avaient pris le temps de préparer leur entrée en scène. Elles avançaient d’un pas égal, chacune d’une direction cardinale. Trois de la forêt, marchant entre les arbres. Nord-est, Est, Sud-est. Deux remontant la pente herbeuse. Sud, Sud-ouest. Deux encore progressant à travers les champs. Ouest, Nord-ouest. Et le dernier, du sommet de la colline, silhouette menaçante découpée sur le ciel d’orage. Nord. Ils étaient cernés.
Arduilanar se redressa. Il avait compris aussitôt. L’épée s’alluma dans sa main…

Eux. Leur démarche arrogante et nonchalante, les capes noires volant au vent. Leur sourire, aussi. Race maudite… Le cœur d’Ilmathril gronda. Il tenait sa revanche…

Le cercle achevait de se refermer, avec une lenteur moqueuse. Pourquoi se presser ? Il n’y avait pas d’échappatoire…
Ilmathril jeta son épée d’entraînement, et se saisit de sa hache. Il se jeta en avant, hurlant un cri de guerre.
« Ilmathril ! »
Arduilanar aurait voulu l’en empêcher, mais il était trop tard. Déjà il atteignait la ligne de ses ennemis. Le géant fendit l’air d’un coup magistral, mais l’assassin l’évita sans se départir de son sourire, se contentant de se baisser. Entraîné par son élan, Ilmathril poursuivit son mouvement circulaire, tournant sur lui-même. Achevant sa rotation, la hache revint à une vitesse phénoménale, frappant de bas en haut. Le sourire se figea, le sang éclaboussa les tissus noirs. L’elfe de Chrace rugit – puis la hache s’abattit, fendant son adversaire en deux.
Ilmathril tremblait de plaisir, évacuant dans la violence une frustration trop longtemps réprimée. Son cœur battait, ses mains étaient rouges. Il retrouvait l’ivresse des combats, comme s’il n’avait jamais cessé de se battre, comme si ses années de captivité n’avaient été qu’une longue illusion. Il dégagea sa hache, le cadavre disloqué s’effondra.

Le cercle était brisé. Les figures moqueuses disparurent, laissant place à une expression de pure haine. D’un seul geste, les sept dégainèrent leurs poignards. L’audacieux allait payer cher la vie qu’il avait prise…

Trois fondirent sur lui, comme de grands rapaces noirs. Les quatre autres s’approchèrent d’Arduilanar – ne jamais oublier quelle était leur cible. Ils ricanèrent devant le jeune elfe. A peine sorti de l’adolescence. Ce serait un bonheur que de jouer avec lui…
Un bruissement de capes noires, la trajectoire preste d’un poignard. L’épée frappa, repoussant le premier assaut. Deux autres déjà reprenaient. Arduilanar virevolta, évitant de justesse les lames. Encore un tourbillon de tissu noir, encore un coup d’épée. Les assassins se retenaient volontairement, s’amusaient cruellement, testant les limites de leur proie, attendant de lire le désespoir sur son visage… Encore trois lames dressées. Arduilanar esquiva, para, mais pas assez vite. Le tranchant d’acier noirci pénétra sans difficultés le pourpoint de cuir usé et entailla la chair, peu profondément, mais suffisamment pour qu’il ressente la douleur.
Les assauts s’enchaînaient, ne lui laissant aucun répit. La lame bleue voltigeait, reprenant le dessus sur son maître, menant son bras comme toujours lorsqu’il se trouvait en difficultés. Deux fois, trois fois, dix fois il sentit la morsure glacée du métal qui caressait sa peau. Ses gestes se faisaient plus lents, plus mécaniques. Sa faiblesse était perçue, l’heure de la curée approchait. Les coups s’accéléraient…
Ses adversaires prirent le visage de Raithael. Il n’était pas dans les campagnes du Vieux Monde, entouré d’assassins. Il était dans la chambre de ses parents, sa mère gisait sur le marbre blanc, et son frère l’assaillait de sa lame noire… Et la douleur, la douleur omniprésente… Sa tête, les bourdonnements dans sa tête…
Rejoins-moi…
Arduilanar lança un regard désespéré autour de lui. Sa mère… Non, pas sa mère. Les cheveux blonds étaient maculés de sang, le visage tordu en une dernière grimace d’agonie. Ilmathril…
Ou meurs.

Sa vision se voila, se teintant de rouge. Ses tempes battaient avec fureur. Les échos du combat, les rires cruels de ses ennemis lui parvenaient étrangement étouffés, comme les échos lointains d’un autre présent. La marche de l’univers se ralentit.
Des flammes. Un feu liquide qui coulait dans son bras, dans tout son corps. Le sang du dragon qui parcourait ses veines.
La magie. L’énergie pure qui irradiait de l’épée rayonnante.
Le sang qui tambourinait dans sa tête. Et la voix. Les sinistres accents métalliques, tour à tour caressants et menaçants.
Il ouvrit les yeux. Les prunelles, chauffées à rouge, devinrent oranges, puis jaunes, et enfin d’un blanc pur, douloureusement lumineux, insoutenable. Les assaillants reculèrent, aveuglés.
Le sang dans ses veines. Le sang du dragon.
Il était le guerrier. Il était le mage. Il était le dragon.
Les traits tendus par la douleur, l’épée qui brûlait dans sa main. Les vents de magie qui agitaient ses cheveux, tourbillonnant avec fureur.
Un cri, un ignoble hurlement de douleur. Les mots qui s’échappaient de ses lèvres, ne pouvant être retenus plus longtemps.
« FËARON SARATHAÏ ! »

L’épée était le cœur. Les vents surnaturels étaient comme absorbés par la lame, en une spirale infinie dont l’elfe était le centre. Le temps se figea, les secondes cessant de s’égrener. Puis tout explosa – le temps, l’espace, l’univers. Le feu bleu qui dansait avec vigueur le long de l’acier se teinta d’écarlate et de vermillon. Le tourbillon embrasé emplit l’air à une vitesse fulgurante, dévorant sans distinction tissus, métal ou chairs. Les corps s’envolèrent, saisis par cette tornade dévastatrice. La colonne de flammes s’éleva jusqu’au ciel, déclenchant l’orage et le tonnerre.

Les cendres fumantes étaient arrosées par la pluie. Plus rien ne subsistait sur ce cercle, large de plus de trente pas. Rien, hormis la fragile silhouette en son centre.
Les larmes brûlantes coulaient en un flot intarissable, tentant d’évacuer l’horreur. La voix s’était tue, et l’épée reposait sur la cendre.
« Ar…dui… »
Même pas un souffle. Un râle silencieux.
« Arduilanar… »


Hoquetant, pleurant de joie et de désespoir, Arduilanar caressait le visage chéri, le baignant de larmes.
Les dieux avaient permis qu’il vive. Les dieux avaient veillé sur lui.
« Arduilanar… »
Le visage d’Ilmathril était blême, du sang séché avait coulé sur son menton. Etendu dans l’herbe calcinée, ses plaies largement ouvertes, la seule respiration lui semblait une souffrance. Il toussa, et sa toux était rouge.
Le jeune elfe essuya ses larmes.
« Aujourd’hui c’est mon tour de te sauver. »

"Hoquetant, pleurant de joie et de désespoir, Arduilanar caressait le visage chéri, le baignant de larmes."

Et après c'est moi qui ôte toute virilité à la race des elfes ?

J'en frémis, le passage décrivant le déchaînement de la magie est très bien écrit. Encore mieux que le reste, je veux dire.

EDIT Arduilanar : 666ème message. Je savais bien que tu étais maléfique.

J'ai également tiqué sur cette phrase que l'autre n'a pas manqué de relever. Non, sérieusement, baigner de larmes un visage chéri, c'est très, très connoté.

C'est un peu excessif.

Le reste est excellent. Et puis s'il meurt en route, ce sera tragiquement tragique.

Peut-être "serrait contre lui" au lieu de "caressait". Non ? Et "aimé" au lieu de "chéri", tant qu'à faire ?

J'aurais vu la scène d'une façon un brin plus froide. Qu'Arduilanar ait pour première réaction de refuser sa mort, et ne se laisse pas aller à tant d'épanchements. "Baigner", c'est ce que ça me suggère.

Et pourquoi tant d'excès ? Pourquoi pas simplement "ami" ?

J'y ai pensé.
Mais il mérite bien un tel épanchement. C'est son seul soutien, sa seule famille en terre d'exil. Son frère de souffrances.

Je vais rajouter quelques lignes où Arduilanar manifestera son désespoir. Son refus de la mort, comme tu dis.

S'il refuse sa mort, alors je le vois bien rester totalement désemparé, puis peut-être même anéanti. Quelques larmes et balbutiements qui viennent avec la prise de conscience, et puis une ferme et virile reprise en main. Il va lui falloir toute sa détermination pour soulever le monstre de terre.

"et puis une ferme et virile reprise en main. Il va lui falloir toute sa détermination pour soulever le monstre de terre."

Mais t'es dégueulasse !


Ca ne sert à rien de tuer le messager je vous ferais dire monsieur l'Effrayant

Mais là c'est tout de même un peu trop. Si encore on parlait d'Arduilana je ne dit pas, mais même pas.
Je comprends le désarrois, le report de la figure paternelle et la reconnaissance éternelle, mais il n'a pas été aussi choqué pour ses propres parents, c'est dire !

Pour ses parents, il a été pris par les évènements. Il n'a pas eu le temps de réaliser, il a aussitôt eu à se défendre, puis à fuir. Même pas l'occasion d'y repenser, d'ailleurs. Bon, je vais un peu tempérer sa tristesse pour Ilmathril, et peut-être réécrirai-je aussi une ou deux scènes de désespoir après la mort de ses parents.

Les cendres fumantes étaient arrosées par la pluie. Plus rien ne subsistait sur ce cercle, large de plus de trente pas. Rien, hormis la fragile silhouette en son centre.
Les larmes brûlantes coulaient en un flot intarissable, tentant d’évacuer l’horreur. La voix s’était tue, et l’épée reposait sur la cendre.
Son destin était de marcher dans l’ombre. Il n’avait pas le droit de trouver la paix, d’accéder au bonheur. Les dieux lui prenaient tout ce qu’il pouvait avoir. Sa mère. Ses parents adoptifs. Son frère. Son honneur, sa liberté. Et maintenant Ilmathril.
« Ar…dui… »
Même pas un souffle. Un râle silencieux. Il ne voulait pas y croire. Ilmathril était mort, il l’avait vu tomber. Et lui se retrouvait seul, une nouvelle fois…
« Arduilanar… »
Il releva la tête. Cela n’était pas possible… Le corps était là où il l’avait vu, la chevelure blonde éparse, la figure d’une pâleur de mort, les lèvres déjà bleuies.
Elles avaient remué. Imperceptiblement, mais il l’aurait juré. Aucun son n’en était sorti, et pourtant elles avaient bougé. Tétanisé, il n’osa pas se lever, de peur de briser le charme.
« Ar… »
La voix s’éteignit avant d’avoir fini le mot. C’était un gémissement, une imploration.
Arduilanar rampa dans la cendre vers le corps étendu dans l’herbe calcinée. Les plaies étaient largement ouvertes, les blessures semblaient mortelles, et pourtant la cage thoracique se soulevait régulièrement. Ilmathril vivait. Hoquetant, pleurant de joie et de désespoir, Arduilanar serra contre lui le visage de son ami.
Les dieux avaient permis qu’il vive. Les dieux avaient veillé sur lui.
« Arduilanar… »
Le visage d’Ilmathril était blême, du sang séché avait coulé sur son menton. Sa respiration était sifflante, et chaque souffle paraissait lui être une souffrance. Il toussa, et sa toux était rouge.
Le jeune elfe essuya ses pleurs.
« Aujourd’hui c’est mon tour de te sauver. »